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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 07:35

Nouvelle fratrie (Après les Coen, les Taviani, Dardenne e tutti quanti), les Miller font une entrée fracassante dans le cinéma Américain: co-scénaristes, l'un réalisateur, l'autre producteur, ce qui rappelle évidemment les Coen, ils effectuent une sorte de western hyper-classique, rigoureux et jouissif qui fait plaisir à voir. Leur vision de la conquête civilisatrice de l'Ouest sauvage lorgne furieusement du côté de Leone, et leurs provocations quasi-féministes dans cet univers généralement si masculin font plaisir à voir. Comme le film est structuré en une lente mais inexorable montée de la violence, sans pour autant être trop long (C'est même un modèle de sobriété à ce niveau, avec 94 minutes), il en faut peu au public pour être happé...

Au nouveau Mexique, à la fin du XIXe siècle, les efforts d'un jeune couple (Lui, Eduardo Noriega, est Mexicain, elle, January Jones, une ancienne prostituée; autant dire qu'ils ne sont pas très bien vus) pour vivre tranquilles sont menacés par le "prophète" Josiah, un illuminé (Jason Isaacs) qui a probablement été chassé de la ville des Mormons pour son extrémisme... Il vient de fonder une congrégation et tient la ville dont il graisse la patte des notables sous son aile. Il tend à éliminer tous ceux qui le gênent dans son désir d'expansion, et convoite non seulement la terre des jeunes gens, mais aussi la femme elle-même, Sarah. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que Sarah est capable de tout quand on y met les formes... Pendant ce temps, un vieux shérif enquête sur une disparition qui le mène droit à Josiah...

Le film est non seulement mis en scène avec aplomb et classicisme, sans excès ni effets, va à l'essentiel, mais en prime il est marqué par l'excellence des acteurs. January Jones partage le laconisme de Clint Eastwood, Jason Isaacs livre avec son prophète une version extrême de son Lucius Malfoy, et surtout Ed Harris rythme le film de ses apparitions en shérif illuminé, mais profondément ingénieux: il se comporte littéralement en Columbo auprès du prophète dont il se doute qu'il est un criminel, et invente presque sans s'en rendre compte la police scientifique en demandant l'aide d'un maréchal-ferrant pour identifier la provenance de balles...

Le personnage de Sarah est sur-codé, mais ce qui sauve le film au lieu d'en faire une succession de clichés, c'est la progression vers l'accomplissement de son destin d'ange exterminateur: les signes avant-coureurs sont là (Une scène située au début voit la jeune femme acheter une robe, qui deviendra son uniforme de femme vengeresse), mais essentiellement, Sarah est une femme repentie qui a sans doute commis l'erreur de s'installer dans l'endroit même ou elle a péché. Marquée à vie, elle essuie sans mot dire des réflexions désobligeantes qui font bondir son mari. Mais elle encaisse, garde en réserve, et saura se souvenir... Il y a un clivage fort entre la Sarah de la première heure du film, et celle de la fin: elle arbore de nouveau du maquillage, vieux souvenir des temps ou elle était une femme marquée; d'autre part, les cinéastes on osé une scène forte: son mari a disparu (Nous savons nous qu'il a été tué par Josiah), elle doit travailler seule, et elle es enceinte. Elle perd le bébé, et s'extirpe métaphoriquement de sa nouvelle condition de femme respectable et de future mère en versant le sang... A partir de là et bien qu'il lui faudra du temps pour en avoir la preuve, elle sait que son maril est mort. Josiah va pousser ses avantages dans une réminiscence de The Wind de Victor Sjoström (Il vient, l'assomme, la viole, et la considère désormais comme sa propriété)... Sexe et violence sont mêlés dans le film, d'une façon explicite et symbolique, jusqu'à une scène qui est une affirmation de supériorité féminine par la nudité: Sarah attire deux des disciples de Josiah en se baignant nue. Dans la rivière, elle leur montre son dos pendant qu'ils descendent de cheval, mais porte contre sa poitrine un gros flingue... L'ouest ne sera plus jamais comme avant!

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Published by François Massarelli - dans Western