Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 17:51

De glorieuses années des Etats-Unis vues à travers les yeux et les souvenirs de Forrest Gump (QI: 75), interprété par Tom Hanks, voilà qui pousse à l'interprétation, mais il n'y a pas qu'une façon d'analyser ce beau film complexe, qui rejoint d'autres euvres de Robert Zemeckis. Il est tentant de l'approcher de façon cynique (Certaines scènes nous y encouragent) et de pointer du doigt la vacuité terrifiante de l'Homo Americanus, qui voit passer le premier imbécile venu en train de courir sans aucune raison, et s'imagine qu'il s'agit du messie (T-Shirt à son effigie à l'appui, comme Jesus!). L'avantage de Gump comme narrateur, c'est son incapacité à se livrer au moindre cynique ou au moindre sous-entendu, et le génie de Hanks est de nous faire passer cete pilule, tout en nous faisant aimer ce grand nigaud de Forrest... Il n'ya peut-être jamais eu meilleur narrateur de film au premier degré et ça devient d'ailleurs vite un gag: le narrateur nous dit une chose, et le personnage de Forrest dans la narration nous la répète immédiatement... Forrest Gump donc traverse trois décennies, celles qui ont marqué Zemeckis dans sa vie de garçon, de jeune homme et d'adulte, il n'y a pas de secret. Mais surtout, il va partout, avec des motivations toujours décalées, ce qui tend à souligner un grand nombre de dysfonctionnement. La vision de la politique à travers les yeux de Forrest Gump met en valeur le peu de cas qu'il faut faire de ces grands hommes (Et Gump en a rencontré un certain nombre, en effet!); la guerre du Vietnam devient un non-évènement sans grande conséquence, tout comme cette étrange période de contestation qui passe au-dessus de la tête de notre héros. Il est assez facile de deviner globalement un ertain conservatisme de bon aloi devant cette façon de voir, mais c'est aussi la voie la plus confortable, ce que Zemeckis ne nous cache pas.

Mais au-delà de l'élégance de la mise en scène qui joue constamment sur le fil du rasoir entre une légère ironie sombre et la tendresse réelle que le réalisateur (Comme les spectacteurs) porte à Forrest Gump, de la prouesse technique (Forrest Gump est sans doute le premier film avec des acteurs qui semble avoir été contrôlé dans tous ses plans à 100% par un metteur en scène devenu tout puissant grâce aux outils informatiques), le film est aussi à sa façon une leçon de philosophie ouverte, par un homme trop peu intelligent pour parler par hyerbole; le destin, ou la dérive au gré des évènements, une vie contrôlée par un Dieu tout-puissant, ou un phénomène hasardeux dans lequel l'homme n'est qu'un élément, Forrest Gump nous invite à suivre notre idée sur la question, respectueusement. Zemeckis, qui commence et finit son film avec une plume balayée au gré du vent, semble avoir choisi...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Robert Zemeckis