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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 16:32

C'est sans aucun doute le succès non négligeable de Beetlejuice, et le talent singulier particulièrement mis en valeur dans la mise en scène, qui ont permis à Burton d'hériter du projet de Batman, que la Warner voulait relancer. Il était sur les rangs dès 1986 mais à n'en pas douter, avec la concrétisation de son talent, le réalisateur a été confirmé, et a même pu mettre des conditions dans la balance: Danny Elfman, son complice depuis trois films, est de retour, et c'est tant mieux (J'y reviendrai), et Bruce Wayne est interprété par Michael Keaton, l'anti-héros de Beetlejuice... Ce qui n'est pas vraiment attendu, et pourtant selon moi (Mais il y a des voix dissonnantes) il s'en tire à merveille avec son mélange de retenue et de rage concentrée, qui éclate d'ailleurs lors d'une scène étonnante...

Le film se concentre sur la naissance de la légende de Batman, non pas la conception par Bruce Wayne, et l'émergence d'un sentiment de nécessité d'accomplir la justice: ce sera le thème du très ennuyeux film de Christopher nolan, Batman Begins. Non, ici, il s'agit de la progressive reconnaissance par Gotham City de l'existence d'un justicier déguisé, vue à travers la presse, et deux personnages de journalistes, d'un côté, et par sa lutte contre Jack Napier, le "Joker": un bandit brulé à l'acide à cause de Batman, et qui se définit lui-même comme un "artiste homicide"... Au cours du film, Bruce Wayne, le richissime et mystérieux dandy, va tomber amoureux de la journaliste Vicky Vale (Kim Basinger), et apprendre aussi qui a tué ses parents. Le final aura lieu sous la forme d'une confontation entre le super-héros et le "Joker", située dans un beffroi, au milieu des vieux boies et de lacier menaçant des engrenages d'une horloge géante...

Le film est typique de cette époque, durant laquelle Warren Beatty tournait son Dick Tracy, et Spielberg transcrivait son envie de tourner du Tintin dans les films mettant en scène Indiana Jones... Who framed Roger Rabbit (Bob Zemeckis) n'est pas loin, non plus: bref, l'époque est à la bande dessinée, et contrairement à ce qui arrivera à ce type de franchise, voir à ce sujet les films de Nolan, on ne demande pas à Burton de faire autre chose. Le film est un intéressant compromis entre les desiderata de la Warner et l'univers de Burton, qui s'approprie certains éléments de l'intrigue, pour en développer les thèmes: Il fait de ses deux personnages principaux, Batman (Michael Keaton) et le Joker (Jack Nicholson) des êtres à part, marginaux comme il y en aura tant dans on oeuvre. Bien sur, Bruce Wayne est le vrai héros, mais en attendant qu'il règle son compte au joker, celui-ci aura été autorisé à faire de la casse, beaucoup de casse. Comme dans ses deux précédents films, Burton se livre à beaucoup d'excentricités et de farces grotesques, grâce à Nicholson qui a manifestement pris le plus grand plaisir à jouer ce rôle, mais cette fois il installe le grotesque dans la fabrique même du drame, ce qu'il refera bien sur souvent. Et il ose faire de ce "joker", dont le visage grimaçant nait de la rencontre avec le super-héros, un père symbolique pour Bruce Wayne: celui-ci a perdu ses parents lorsqu'il était enfant, et se rend compte que c'est bien Napier qui les a tués tous les deux, provoquant ainsi chez lui cette soif de rendre la justice, en solitaire bien entendu. Désormais vêtu de noir, et hantant les sous-sols sombres de sa propriété, Bruce Wayne-Batman s'est plus ou moins retiré du monde, en l'attente de régler cette quête impossible de vengeance, mais Burton va lui faire rencontrer son "créateur". Il sera rejoint dans d'autres films, par d'autres personnages en quête de filiation, de Edward "Scissorhands" à Willy Wonka...

Le film était suffisamment réussi pour garantir une suite, et Burton s'y sentira vraiment chez lui: Batman returns, on le verra, est un film encore plus personnel pour le réalisateur. Mais ce Batman a aussi ses petits défauts, un cahier des charges un peu trop lourd et donc impossible à tenir, entre film d'action, narration gothique et contemplative, humour subtil et grotesque avec tartes à la crême... Et il y a Prince. Je ne sais pas qui a décidé que cet artiste, par ailleurs tout à fait défendable, allait fournir les chansons du film, mais celles qui restent dans le déroulemet du film ne s'intègrent absolument pas à l'ensemble, alors que la musique d'Elfman, par son classicisme tranquille, fait magnifiquement le boulot... Mais tel qu'il est, Batman et son esthétique assumée de bande dessinée, fait figure de classique, et est un peu le grand-père de toutes les productions Marvel et DC actuelles, sans en partager le relatif réalisme, s'entend... et la chose plus importante est sans doute qu'il a permis de cristalliser l'idée que Tim Burton était, décidément, un nom à suivre.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton