Dans la catégorie des films pour lesquels Scott s'est pris dans la figure une bonne vieille volée de bois vert, celui-ci mérite un prix. C'est sur, il a des circonstances aggravantes, à commencer par l'infâme Demi Moore, ou le titre d'une stupidité absolue. Mais l'intention, me direz-vous? Rappel des faits:
Une sénatrice (Anne Bancroft) prise d'un retour d'acide féministe, une Démocrate qui a sans doute l'age d'avoir été bruler ses soutien-gorges en fumant des trucs bizarres à Woodstock, fait face à un parterre de responsables masculins de l'armée, tous persuadés de la supériorité masculine en matière de militaritude, et se prend à rêver: et si on leur envoyait dans un corps d'élite une femme, rien que pour les embêter? Pas une Arnold Schwarzzenegerette, non plus, une femme, quoi! La candidate est toute trouvée: c'est le lieutenant Jordan O'Neill (Demi Moore), un officier de renseignement qui se languit de jamais participer à une action de terrain, et qui va en baver pendant plusieurs mois...
Alors de prime abord, et c'est d'ailleurs la façon dont on vend généralement le film (Qui n'a pas séduit grand-monde, du reste), ce serait la deuxième oeuvre féministe de Ridley Scott, après le grandiose Thelma & Louise. Mais Scott lui-même a toujours démenti avoir fait une oeuvre spécifiquement féministe avec ce dernier, estimant avoir toujours tout fait pour mettre la femme à égalité avec l'homme, voire un peu au-dessus: voir à ce sujet Alien. Mon sentiment est que le scénario vit sa vie, et Scott de son côté fait de l'image, avec la rigueur esthétisante qu'on lui connait. A part une fâcheuse tendance des scènes d'entrainement à être trop bleues à mon gout (Le sable bleu, ça fait bizarre), il a particulièrement soigné sa partition, mais a probablement aussi un peu trop poussé sa tendance à esthétiser la sueur et la violence: ben oui, l'armée, ça ne rigole pas, c'est physique, que voulez vous. Donc on se vautre dans l'action à biscottos rabattus, c'est d'un ennui...
Et puis le féminisme supposé, une fois admis le fait que ce petit bout d'officière courageuse a obtenu d'être traité à armes égales avec les hommes, finit par tourner en rond et se dégonfler purement et simplement... On rêverait d'y voir le lieutenant O'Neill élever les hommes à son niveau, au lieu de s'abaisser au leur: son plus haut fait d'arme semble être sa réplique à un officier: "Suck my dick". Si c'est le cri de guerre d'une féministe, je n'y comprends plus rien.