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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 16:17

Le premier film, celui de 1934, a été réalisé par un amateur, celui de 1956 par un professionnel. C'est ainsi que Hitchcock présentait la différence entre ses deux versions de la même histoire... Si on admettra que ce film Paramount est en effet d'une redoutable efficacité, on peut toutefois se demander si la mise à jour q'imposait. Exit la nationalité Anglaise (Et la gentille excentricité qui va avec) des protagonistes, bonjour Doris day et James Stewart, qui revient pour une troisième collaboration avec le metteur en scène après Rope et Rear window. Hitchcock n'arrivait-il pas à faire son deuil de Grace Kelly? Il n'avait semble-t-il aucune affection pour la caractérisation de Doris Day, et pourtant elle fait de l'excellent travail... James Stewart, lui, n'a pas à se forcer, il se glisse naturellement dans le rôle que lui a concocté le scénariste John Michael Hayes, adaptant l'histoire originale de Charles Bennett et D.B. Wyndham-Lewis:

Les McKenna, un couple d'Américains (Monsieur, James Stewart, est médecin, et Madame, Doris Day, est une chanteuse en plein congé sabbatique prolongé) font du tourisme au Marc en compagnie de leur fils, et rencontrent un mystérieux Français, Louis Bernard (Daniel Gélin), sans savoir qu'ils viennent de mettre les pieds dans une intrigue d'espionnage. Et lorsque Bernard est assassiné par le camp adverse, il choisit de donner une information vitale à Ben McKenna avant de mourir. En réponse à cette révélation, les espions qui ont causé sa mort enlèvent Harry, le fils des Américains. Détenteur d'un lourd secret, McKenna va devoir choisir: la sécurité de son fils, ou sauver le premier ministre d'un pays étranger, dont la vie est menacée par un complot ourdi en Grande-Bretagne...

Outre la redite, on a parfois l'impression d'un film de vacances, ou d'une récréation entre deux oeuvres majeures. Il est vrai que ces débuts à a Paramount sont par certains côtés une période de transition pour Hitch, qui vient de perdre comme je le disais une actrice qui l'inspirait particulièrement, et est encore à la recherche des bons acteurs et du bon sujet. Il trouvera le tout, bien sur... Mais le film est intéressant pour sa gestion du suspense, et quelques séquences sont de vrais moments d'anthologie: la scène célèbre entre toutes du concert, entièrement liées à ce fameux moment durant lequel un percussionniste doit donner un coup de cymbales, ne sachant pas qu'un coup de feu sera ainsi étouffé, est un modèle de construction et de montée en sauce du suspense. C'est aussi une expérimentation, avec le choix délibéré de supprimer toute réplique, rendu logique par le fait que la musique y retentit, empêchant d'entendre la voix. Hitchcock y est pédagogue, multipliant avec subtilité les moyens de renseigner et d'impliquer le public... Et les plans inoubliables.

Il en profite également pour continuer à sonder les consciences, en posant à ses héros le dilemme le plus dur: rendre service à l'humanité, ou se taire pour ne pas mettre en danger la vie d'un fils? Le bien commun, ou le bien privé? Quelle est la responsabilité d'un homme face à ce qu'il sait? En donnant à James Stewart le rôle principal, il rend le personnage plus humain que jamais, avec ses forces et ses défauts, comme lorsque McKenna administre un somnifère à son épouse avant de lui révéler la nouvelle de l'enlèvement de son fils: bien sur, on comprend sa motivation, mais comment ne pas lui en vouloir un peu? Stewart fait merveille pour mettre en valeur les petits défauts (Son caractère notamment) de son héros. Et Hitchcock choisit sciemment de brouiller les pistes en confiant à Bernard Miles, le père tranquille des films de David Lean, le rôle d'un espion, ou en tout cas d'un malfrat peu scrupuleux, qui se vend au plus offrant.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock