Réalisé dans la foulée de l'exubérant Wild and Woolly, Down to earth part dans une direction nouvelle, tout en se situant clairement dans le genre de comédies qui ont fait la popularité de Douglas Fairbanks: il y reconduit d'ailleurs la même équipe que dans son précédent film, avec Anita Loos, John Emerson, Victor Fleming, et jusqu'à Eileen Percy qui est engagée pour interpréter un rôle totalement différent que celui de Nell qu'elle jouait dans le précédent film. Mais surtout, il s'agit du premier film Californien de Fairbanks, tourné pour une large part à Yosemite National Park. Il ne tardera plus à s'installer définitivement sur la côte ouest pour devenir un membre influent de l'aristocratie Hollywoodienne...
Billy Gaynor (Fairbanks) est un homme aventureux, sportif et doté d'une certaine hygiène de vie rigoureuse et dynamique. Mais depuis sa plus tendre enfance il est amoureux de Ethel Forsythe (Eileen Perry), une jeune femme comme il faut de la bonne société, qui lui préfère un homme de sa classe (Charles K. Gerrard), et va se marier avec lui. Billy parcourt le monde pour oublier la dame de ses pensées pendant que celle-ci plonge la tête la première dans une vie sociale faite de fêtes, de dîners tardifs, d'alcool et de cigarettes qui l'épuisent. Elle doit être soignée pour une dépression carabinée, et Billy vient un jour la voir dans un sanatorium pour riches, tenu par un docteur véreux (Gustav Von Seyffertitz). Rien n'est fait pour y améliorer la santé des patients, et Billy décide de racheter l'établissement et d'emmener les patients en croisière vers une île déserte où il va les forcer à sortir de leur coquille...
Si c'est un film mineur dans la carrière de Fairbanks, il a le mérite d'être original, et probablement très personnel: on sait que l'acteur mettra beaucoup de lui-même dans des films à grand spectacle qui seront toujours marqués par une morale foncièrement optimiste, aussi simpliste que sincère. C'est cet optimisme et ce semblant de bon sens qui me semblent l'emporter dans Down to earth: Billy Gaynor décide d'imposer à ses "patients" une vie radicalement différente de celle qu'ils ont vécu jusqu'à présent. il va les secouer jusqu'à ce qu'ils chagent, en les manipulant s'il le faut. La partie du film consacrée à l'île déserte (Un mensonge, en fait, comme on le verra à la fin du film) montre Douglas Fairbanks régir son petit monde un peu à la façon dont Crichton va prendre le contrôle de ses patrons dans Male and female de Cecil B. DeMille, mais ici, le but n'est pas de survivre, mais il est de montrer à tous, de façon peut-être un peu dictatoriale, le chemin d'une vie saine. Cette obsession de la bonne santé est une préoccupation bien de son époque, dans l'Amérique de 1917, c'est aussi une croyance profonde de Fairbanks.