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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 16:36

Anthony "Swoff" Swofford (Jake Gyllenhall) nous raconte sa vie de Marine, qui commence en 1989, et dès le départ, nous fait comprendre qu'il n'a pas tardé à regretter son engagement: le premier tiers du film concerne essentiellement ses journées d'entrainement aux Etats-Unis, pour faire de lui une machine de guerre, et rappellent un peu la première heure de Full Metal Jacket, avec deux différences fondamentales: dans le film de Mandes, le héros s'est engagé alors qu'aucune guerre ne menace, d'une part; et d'autre part ici la narration de Swofford prime. Il s'agira, tout le film durant, de son expérience, d'ailleurs authentique, de la guerre dite du Golfe; celle qui fera dire à tant de gens qui n'avaient pas compris qu'on était entré dans une nouvelle ère, que la victoire alliée sonnait enfin la fin de la honte du Vietnam. Le deuxième tiers concerne donc la vie morne, et privée de sens, des Marines déployés en Arabie Saoudite, attendant entre l'invasion du Koweït par Saddam Hussein et l'engagement des combats, le moment d'être utiles... Cette partie est remplie de ce folklore délirant qui reste longtemps en mémoire, et avouons-le, qui fait souvent le sel des films du genre...

Enfin, un troisième tiers montre les combats tels que les a vécus le Marine Anthony Swofford, en compagnie d'autres snipers comme lui, et... c'est inattendu. La frustration intense qui se dégage de ce qui aurait du être la raison de son engagement pour Swofford, est très communicative, et nous rappelle que Sam Mendes est souvent le peintre de l'échec, mais pas du glorieux échec, non, de l'échec minable, honteux, et laid: l'ennui et la mort des banlieues aisées (American Beauty, Revolutionary Road), l'échec cuisant du couple (Revolutionary road encore), l'échec de la vie de crime même (The road to perdition), il n'est pas tendre avec les aspirations gâchées de l'Amérique. Mais avec ce film, réalisé en plein conflit, il abat une carte maîtresse. Bien sur, il n'y a pas vraiment de politique dans ce film, et comme les Marines gonflés à bloc à la veille de partir au combat, regardent les sublimes scènes d'Apocalypse now comme un appel à combattre, ce qui serait un contresens, j'imagine que nombreux sont les amoureux de la chose militaire qui aiment à visiter ce film pour la plaisir d'y côtoyer ne serait-ce que des bribes de cet absurde esprit de corps qui y est, à mon humble avis, méchamment raillé... Tant pis pour eux. Comme tous les grands films de guerre, il démontre de façon simple que si on n'évitera jamais les guerres, elles laissent sur ceux qui y participent une empreinte inhumaine.

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Published by François Massarelli - dans Sam Mendes