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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 15:59

Après Zorro, après D'artagnan, Fairbanks passe à la légende de Robin Des Bois. Celui-ci est un mythe né au Moyen-Age, avec lequel l'histoire tend à se confondre depuis si longtemps, qu'on s'étonnerait presque des libertés prises par Fairbanks et son équipe, alors que c'est systématique: dernier en date, le film de Ridley Scott, tout en cédant à une certaine fore de réalisme, n'en est pas moins totalement faux sur bien des points historiques, relatifs à Richard et John, roi et prince, notamment. Mais à la vérité, ce qui fait le plaisir de confectionner un Robin Hood est ailleurs: si ce Robin qui fait partie de l'impressionnant cycle de films monumentaux de Douglas Fairbanks ne joue jamais la carte de la parodie, et installe définitivement un certain nombre de constantes graphiques, il y a beaucoup ici de plaisir de filmer les châteaux, de costumer les acteurs, de grimper aux rideaux et de bondir...

Mais Fairbanks, soucieux d'appliquer la recette de Dumas pour ses Trois mousquetaires, qui a longuement retardé l'entrée de D'Artagnan dans le corps des Mousquetaires, a ici résolu de créer un long prologue, expliquant par un contexte expliqué point par point durant 65 minutes la décision du comte de Huntingdon d'entrer en résistance sous le nom de Robin Hood. Et paradoxalement, c'est la meilleure partie du film! C'est là que Dwan et Fairbanks recréent leur moyen-age à eux, avec ses immenses châteaux, ses costumes, et des décors naturels superbes (Dont j'imagine que le Robin Hood de Curtiz les reprendra sans hésitation).

La deuxième partie du film vire assez rapidement au systématisme, et le personnage de Robin Hood une fois doté de ses oripeaux n'a plus rien à prouver, et bondit bien sûr dans tous les coins avec application, son seul enjeu étant de sauver Lady Marian (Enid Bennett, après quatre films en compagnie de Marguerite de la Motte) des griffes de l'affreux John... en augmentant l'échelle de ses films, Fairbanks a semble-t-il négligé de développer plus avant ses personnages pour qu'ils soient un peu plus que des pantins bondissant dans tous les sens... Il y reviendra avec le film suivant, qui le verra justement réfléchir à de nouvelles façons d'intégrer ses personnages dans les décors, en utilisant des ressources plus vant-gardistes, dont la danse. 

Mais ce Robin Hood énorme, avec ses châteaux en trompe l'oeil, est un e date importante, un film ambitieux qui semble à lui tout seul vouloir résumer les possibilités expressives des décors et des costumes au cinéma muet. Un spectacle autrement plus inéressant et qui contrairement au Puy du fou, ne tente pas de faire passer en douce un message réactionnaire derrière un pseudo spectacle historique.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Douglas Fairbanks Allan Dwan **