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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 18:04

Sold at auction fait partie d'une série oubliée et malchanceuse de courts métrages qui n'ont eu aucun succès, effectués afin pour le studio d'Hal Roach d'aborder la transition entre la domination d'Harold Lloyd et le départ de celui-ci. Snub Pollard, le comédien qui est en vedette, avait en effet été la co-vedette de Lloyd dans une série de films, mais on ne saurait les confondre, tant le style favorisé par Pollard est distant de celui de son ex-partenaire: absurde, basé sur des gags créés avec amour par de doux dingues qui ne reculent devant rien: a des années-lumières de la patiente et délicate construction de comédies basées sur la vie tranquille et la civilisation urbaine de Californie, chers à Lloyd...

On connaît sans doute mieux Charles Parrott sous le pseudo de Charley Chase, mais quand on sait que qu'il a finalement été amené à prendre le créneau vacant de Lloyd dans le studio, on est surpris de le voir aux commandes d'un tel film... Mais le fait est que Chase, réalisateur, était attiré par le surréalisme, ouvert aux gags les plus indignes, et le résultat, eh bien, lui donne raison:

Pollard est employé par hasard par des commerçants qui l'utilisent pour faire des démonstrations (Parfois violentes) de leurs articles, et il en a un peu marre de prendre des coups. Il obtient un jour de mener une vente, mais celle-ci va tourner à la catastrophe: les meubles à vendre seront confondus avec ceux d'une autre maison, et le propriétaire des meubles qui n'étaient pas à vendre, un policier irascible (James Finlayson), ne prendra pas ça très bien...

Ca sonnerait presque normal dit comme ça, mais le scénario a été conçu par cadavre exquis, et les idées les plus saugrenues s'enchaînent avec génie! Chase utilise des truquages photographiques, les images qui dégoulinent, par exemple, de l'animation (Une escadrille de moustiques vindicatifs) ou encore des ralentis; Pollard quant à lui ose tout, et se retrouve en poursuite juché sur un piano, conduisant une baignoire dans laquelle un homme se lave, ou se faisant tellement amocher qu'il en est propulsé littéralement à 10 mètres... L'espace de deux bobines, le studio de Roach mélange son fond raisonnable et ses intrigues charpentées avec l'anarchie propre à Mack Sennett. Ce film jugé comme l'un des plus idiots de la période par ses zélateurs, est aussi l'un des plus réjouissants. Et si l'on vote un jour pour le court métrage le plus jouissif de toute l'écurie Hal Roach, il pourrait bien avoir mon vote...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charley Chase