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19 février 2016 5 19 /02 /février /2016 17:41

On appréciera la différence entre le titre Espagnol et le titre Français, qui semble exploiter sans vergogne le succès contemporain d'un certain film Warner d'Alan Crosland... Mais pourtant, le film de Perojo n'a rien à voir. Pour commencer, l'acteur Français qui incarne un noir dans le film n'a pas eu besoin de se grimer, lui... Le sujet du film est, essentiellement la difficulté à se faire accepter pour un noir, y compris dans l'Europe compréhensive des années 20, et à faire oublier la couleur de peau. Comme le dit le protagoniste, pour être accepté quand on est noir, il fait être danseur ou boxeur...

Et pourtant le film est copieusement raciste. Si il y est clair que Peter est raffiné, qu'il est amoureux d'une blanche, qu'il est cultivé et fréquentable, il reste, au fond, un noir. S'il a toutes ces qualités, cela fait de lui, selon ses propres termes, un "blanc" à la peau noire! C'est, rappelons-le, une autre époque: Peter Wald (Raymond De Sarka) est un grand danseur venu des Amériques avec l'enviable réputation d'être le meilleur danseur de charleston du monde. A Madrid, il croise la route de la jeune Emma (Concha Piquer), constamment flanquée de son papa si admiratif qui est persuadé que la jeune femme est destinée à être une star. Wald, qui a beaucoup souffert pour s'imposer, prend la jeune femme sous son aile, et en peu de temps tombe amoureux d'elle. Emma, reconnaissante, ne peut pourtant pas se laisser aller à dire "oui" à un nègre... Sic. Pourtant la jeune femme va évoluer.

Je ne vais pas accabler le film, d'abord parce que c'est trop facile et que ça ne rimerait à rien. D'autant qu'à sa façon, Perojo avait dans l'idée de montrer qu'on pouvait être noir et "avoir une belle âme"; bon, afin de montrer ça, il nous est dit que Peter a "l'âme d'un blanc", donc on s'enfonce, mais encore une fois ça ne rimerait à rien de s'acharner! Le film est une restauration Lobster, qui a l'avantage de s'aventurer du côté de l'Espagne, dont Perojo était en cette période l'un des meilleurs cinéastes. Entre Paris et Madrid, il était devenu champion dans l'art de composer des co-productions, ce qui explique ici la présence, non seulement du danseur Raymond de Sarka, mais aussi d'Andrew Angelmann, connu pour sa tête impayable qui égaye un certain nombre de plans mémorables du Journal d'une fille perdue de Pabst. Quelles que soient les intentions de Perojo, et leur racisme explicite, le film est surtout un peu trop gnan-gnan, avec une histoire qui manque d'enjeu. Un ou deux moments de mise en scène surnagent, comme le moment durant lequel Peter tente (innocemment) de séduire Emma, et que celle-ci, à la fois fascinée et dégoûtée, s'évanouit! ou encore lorsque Peter, à la plage, regarde avec amour sa partenaire, avant de prendre une cigarette et d'apercevoir son reflet: instantanément, il devient triste... Pour le reste, pas de grandes avancées dans ce mélodrame.

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Published by François Massarelli - dans Espagne Muet 1927