Edgar L. Kennedy, c'est ce merveilleux acteur qui apparaît chez Sennett dans les années 10, fait un long passage chez Roach face à Our Gang, Laurel et Hardy, Charley Chase, Garvin et Byron, et va ensuite fréquenter le gotha de la comédie à travers des apparitions mémorables: citons Duck Soup, de Leo McCarey, ou Unfaithfully yours, de Preston Sturges. Il n' a pas tourné beaucoup de films, et n’a tourné que deux courts avec les deux comédiens, mais il commence bien, avec ce film qui part bille en tête, surtout que les premières images en ont disparu: une famille de nouveaux riches typiquement Hollywoodiens de 1925 (Tiny Sanford et Anita Garvin) organisent une petite sauterie, et ont engagé en dernière minute deux garçons qui vont, de par leur bonne volonté, saboter la réception , et pour l’un d’entre eux, passer une bonne partie de ces vingt minutes la tête dans la crème.
De Stan qui ne comprend pas un ordre et sert la salade sans vêtements (au lieu de sans assaisonnement), à Hardy qui s’obstine à vouloir servir des gros bons gâteaux sans visibilité, nous sommes servis, mais le clou du spectacle, c’est Anita Garvin. Celle-ci joue une apprenti-bourgeoise de luxe, qui a la mauvaise idée de porter une tiare qui passe son temps à l’aveugler en tombant sur ses yeux ; et surtout elle s’attaque à une salade de fruit dont la cerise ne veut pas se laisser attraper. Et c’est avec une infinie patience qu’elle combat sa cerise, dont elle ne triomphe que lorsque sa tiare se met de la partie, lui faisant à chaque fois lâcher le fruit, et donc tout recommencer. Son timing, le naturel qu’elle déploie, et ses mimiques réactives sont une source de pur bonheur. La séquence est d’ailleurs répartie sur l’ensemble de la deuxième bobine, et elle vole largement la vedette à tout le monde. Oui, oui, tout le monde, dans ce film assez vachard qui nous renvoie un écho grinçant de ces nouveaux riches si répandus dans l'Hollywood des années 20... Une fois de plus, derrière la comédie, se cache un portrait franc d'une certaine époque.