Quand on pense à Olcott, ce qui viet à l'esprit, c'est bien sûr ce pionnier qui tourne un monumental Ben-Hur en 1907, qui dure toute une bobine: 15 minutes! Ou encore le film religieux From the Manger to the cross, tourné en Palestine en 1912, et qui est l'un des premiers longs métrages Américains. Ou bien pour finir, les films tournés en Irlande par la Kalem qu'il dirigeait (The lad from old Ireland), et qui tentèrent de créer dès 1910 un cinéma Irlandais fait de traditions et de folklore, à l'abri du voisin Britannique encombrant. Bref, on ne pense pas aux années 20, car le monsieur était là avant Griffith. C'est au mieux un ancêtre...
Sans aller jusqu'à crier au génie, il faut donc voir ce beau petit film, tourné un peu à l'écart des studios (Même si Olcott y reviendra jusqu'à sa retraite en 1928). Il est consacré à une intrigue assez proche de certains mélodrames, et centré sur deux enfants. Ils fuient la misère de leur famille adoptive qui ne veut plus d'eux et s'en vont à la recherche d'un hâvre de paix dans la campagne de Nouvelle-Angleterre. Ils aperçoivent une maison qui leur semble idéale, où vit une femme âgée. Celle-ci, qui vit dans le souvenir d'un drame familial, n'est pas disposée à se laisser séduire, mais les amis et voisins vont essayer de temporiser afin de donner une chance aux deux enfants...
On est dans un univers qui serait situé entre Way down east (Vivia Ogden joue d'ailleurs dans Timothy's quest, à peu près le même rôle que dans ce long métrage de Griffith), sans l'intrigue "adulte", et Sparrows, sans l'horreur sous-jacente. Cinéaste vétéran, Olcott n'est pas un manieur de caméra, ni un monteur, c'est en revanche un directeur d'acteurs. Ils sont tous excellents, à commencer par les deux enfants... La copie, hélas, est clairement incomplète, laissant quelques zones d'ombre sur des événements passés auxquels il est souvent fait allusion. Et on a l'impression qu'Olcott, sans jamais vouloir entrer en compétition avec les réalisateurs des années 20, a su garder l'oeil ouvert... En tout cas, le film vaut la peine d'être vu...