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12 janvier 2018 5 12 /01 /janvier /2018 11:47

Twin Peaks, Fire walk with me est un long métrage qui avait essentiellement pour but de mettre un point final à la série Twin Peaks, qui révolutionnait les séries aux Etats-Unis, au point qu'on peut considérer qu'elle est la matrice de tout ce qui a suivi, de X-Files à tout ce que HBO ou Showtime produisent aujourd'hui. Pour ceux qui ne l'ont pas vue, la série tourne donc autour d'une enquête, d'ailleurs assez vite résolue: Laura Palmer (Sheryl Lee), jeune lycéenne en apparence exemplaire à la vie nocturne dissolue, a été assassinée dans des circonstances plus que troubles. Entre soap opera, parodie surréaliste et rêve éveillé, les 30 épisodes se promenaient dans une petite ville forestière de l'état de Washington, vue par le très excentrique agent Dale Cooper (Kyle McLachlan), du FBI...

La série se terminait en 1991 sur un certain nombre de cliffhangers, avant d'être interrompue pour cause d'audience défaillante... Mais le film ne répond à aucune des questions qu'on peut se poser, car Lynch préférait mettre en route un prequel...

Le film, après un générique rigolard qui montre un téléviseur allumé sur une chaîne vide, se faire exploser par un coup de hache bien placé, commence par une vision d'un corps enveloppé de plastique, à la dérive dans une rivière. Une séquence qui rappelle immanquablement Twin Peaks, mais il s'agit d'un autre meurtre, celui de Teresa Banks, à laquelle il est fait allusion dans la série originale, puisque Dale Cooper fait le rapprochement de la mort de cette dernière, avec celle de Laura. Deux agents du FBI, interprétés par Kiefer Sutherland et Chris Isaak, sont dépêchés sur les lieux, mènent l'enquête, sur un rythme très lent, avant qu'on quitte l'un d'entre eux sur un fondu au noir, il vient de trouver une bague qui est un indice troublant...

...La deuxième partie se passe à Philadelphie et est la plus bizarre, pour ne pas dire inutile: on y retrouve trois des protagonistes de la série qui ne peuvent être à Twin Peaks, car le meurtre de Laura n'a pas encore eu lieu. On y retrouve aussi David Bowie pour une séquence idiote, mal foutue, et assez embarrassante... La logique du rêve "à la Lynch" y est convoquée, faite de narration disjointe et illogique, et de télescopage entre temps, lieux et continuité. C'est au moins une occasion de revoir l'agent Cooper, qui va lui aussi se rendre sur les lieux du meurtre de Teresa Banks, et de la disparition de l'agent Chet Desmond.

Enfin, la troisième partie qui intervient au bout d'une demi-heure et reste l'essentiel du film, conte les circonstances, une année après (La mention est écrite en toute lettres, et aurait dû nous rappeler Un chien andalou. Mais l'atmosphère de soap très marquée nous empêche à mon avis de capter cette nouvelle petite allusion à Bunuel), de la descente aux enfers de Laura Palmer...

La série est donc étendue par sa face sud, en quelque sorte, et les moyens n'ont pas manqué pour combler les trous de la narration, à l'aide de plans plus soignés, de vues des rues dans lesquels les personnages évoluent. Ils sont tous là ou presque, avec une variante: Moira Kelly reprend le rôle de Lara Flynn Boyle, qui n'a pas souhaité donner suite. C'est à la fois touchant et sympathique pour qui connait la série, et souvent inutile, le film enfonçant des portes ouvertes: Twin Peaks parlait déjà de la corruption sous-jacente de la société américaine vue par le petit bout de la lorgnette des petits trous perdus, et le faisait en contrebande, dans le cadre policé de la série télévisée. Un décalage qui faisait beaucoup pour rendre le surréalisme lynchien burlesque et savoureux. Ici, le ton délibérément adulte, qui donne à voir beaucoup plus que ce que s'efforçait de cacher la série, ne convainc pas.

Par contre on voit enfin Sheryl Lee dans ses oeuvres. Elle a la charge d'interpréter le chemin de croix d'une trop jeune femme tombée dans l'enfer du sexe, de la drogue et d'une relation horrifique avec son père, qui fait aussi des rêves prémonitoires (Et rêve inexplicablement de l'agent Cooper), et s'en va donc voir les anges au terminus des lycéennes. Elle est absolument formidable, et rattrape quand même beaucoup de la gaucherie occasionnelle du film. Maintenant, si Fire walk with me (Un titre qui est une allusion directe et un peu gratuite à une phrase récurrente de la série) est considéré comme un chef d'oeuvre par beaucoup, c'est incompréhensible: je pense qu'on se trompe de Twin Peaks.

 

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Published by François Massarelli - dans David Lynch Criterion