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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 17:13

S'il y a un film de Frank Lloyd qui mérite les éloges nombreux qu'il a reçus, et son succès confirmé de décennie en décennie, c'est bien celui-ci! Transfiguré par un récit épique et maritime, le metteur en scène si souvent académique, voire ennuyeux, se mue en un raconteur passionné, dont le conte est bien plus qu'une simple remise en contexte d'une anecdote romantique. Car derrière l'histoire archi-connue de cette mutinerie célèbre entre toutes, Lloyd laisse paraître un message qui résonne, dans la tourmente des années 30, comme un rappel fondamental de valeurs si foncièrement Américaines... Et le fait dans un bel objet cinématographique accompli avec une réelle conviction, tourné par moments dans des lieux historiques, avec des acteurs qui ont su donner beaucoup.

En 1787, le Bounty part pour Tahiti sous le commandement du dur Capitaine Bligh (Charles Laughton). Sa mission est de rapporter des plants d'arbre à pain, qui est envisagé afin de fournir une nourriture bon marché pour les esclaves de l'empire. Bligh est un homme brutal, sur de son droit, qui fait passer la mission avant la sécurité de ses hommes, qui croit que la seule façon de commander est d'être injuste et brutal. Les hommes vont souffrir, mais les officiers aussi. Parmi eux, deux hommes, le second Fletcher Christian (Clark Gable) et le jeune aspirant Roger Byam (Franchot Tone), qui tous deux proviennent d'excellentes familles, vont être amenés à se confronter à l'ignoble façon de faire de leur supérieur. Celui-ci, afin de montrer aux hommes ce à quoi ils s'attendent, décide de leur montrer une sanction exemplaire. Il a décidé de punir un homme qui l'a frappé. Malgré la mort du puni, Bligh insiste, devant les marins estomaqués, pour que l'on continue à punir le cadavre...

Bligh, bien sur, est un rôle en or pour l'extraordinaire talent de Laughton. Celui-ci a pris un plaisir visible à incarner le sadique autocrate, et si on se pose des questions sur l'étra,ge paire de sourcils du bonhomme, cherchez une photo de Frank Lloyd et vous comprendrez qui l'acteur insolant avait décidé de prendre pour modèle... Mais Bligh n'est pas un méchant seul, ni un être inhumain, c'est le représentant d'un système qui est ici mis en cause. Et ses talents de marin, son humanité même (Bien sur, plus représentée par ses travers et sa mesquinerie que par d'autres traits, mais ne sont-ce pas là des défauts humains?) sont mis en évidence, de même que le film ne divise pas les marins entre les méchants avec Bligh et les gentils avec Christian. Ce dernier, bien sur, reste le héros objectif, le rempart des hommes contre Bligh à chaque fois que ce sera possible, un officier respectueux et rigoureux, bref un vrai marin. Qu'il fasse à un moment un choix douloureux mais nécessaire ne le transforme pas ipso facto en un personnage romantique et flamboyant, Lloyd évite cet écueil en étant assez évasif sur le destin des mutins (Qui est beaucoup plus clair dans le film de 1962, réalisé par Lewis Milestone): l'idée du film était de montrer la nécessité absolue de se mutiner, mais on n'ignore pas qu'il s'agit d'une longée inconfortable vers l'inconnu. C'est du reste historique; réfugiés à Pitcairn, les survivants du Bounty ont vite compris ce que la vie à a dure voulait dire... Donc, le film nous montre, en pleine montée des périls, la lutte entre la dictature d'un Bligh, et les idées généreuses et solidaires de deux hommes, d'ailleurs interprétés par des Américains (On est en 1935, et ni Gable ni Tone, tous les deux excellents bien entendus, ne font le moindre effort pour maquiller leur accent). L'idéal démocratique incarné par les mutins, nous dit-on, n'est pas pour autant une partie de plaisir: il leur faut faire un choix... drastique.

Le film a largement mérité son Oscar, de par son souffle épique, et la qualité impressionnante de la réalisation. On y sent le vent du large, les embruns, les difficultés des hommes, les tempêtes. Il y fait passer, à l'écart des possibles interprétations politiques, le souffle épique d'une aventure maritime... Les transparences sont adéquates, assez soignées, et les séquences Tahitiennes y ont été tournées sur place. Clark Gable est presque rendu blond par le soleil dans certaines scènes! Et puis, pour résumer, hein: c'est un classique!

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Published by François Massarelli - dans Frank Lloyd