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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 11:25

Chili Palmer (John Travolta) est un prêteur sur gages, qui vit à Miami une petite vie tranquille de gangster "soft", jusqu'au jour où son patron décède, le mettant en danger d'avoir de sérieux ennuis à cause d'un homme auquel il a résisté, Ray Barboni (Dennis Farina). Palmer, à la faveur d'une mission, se retrouve à Los Angeles, et infiltre le milieu du cinéma... Il est très cinéphile, et se décide à sauter le pas: il va devenir producteur... Avec un producteur de série Z, Harry Zimm (Gene Hackman), une actrice qui lui fait les yeux doux (Rene Russo) et un acteur égocentrique, Martin Weir (Danny De Vito), il se lance dans le rêve de sa vie, avec l'optimisme qui le caractérise... Il va évidemment se faire de nouveaux ennemis.

Adapté d'un roman d'Elmore Leonard, qui était tant à la mode à l'époque, Get Shorty est à la fois un succès certain, et un film à la réputation mollassonne, ce que j'ai du mal à expliquer: d'une part, c'est peut-être le film de Sonnenfeld qui ressemble le plus à ce que les frères Coen ont fait dans leur carrière depuis qu'ils se sont attachés à reproduire aussi fidèlement les genres qu'ils parodient. Et Sonnenfeld, justement, était le chef-opérateur des premiers de ces pastiches éclairés. Ici, Sonnenfeld réalise sans doute, avec For love or money, son film le plus, disons, "normal"! Aucun monstre, aucun alien, aucune invention délirante, pas de camping car géant, pas de réincarnation...

Le metteur en scène, passé par la comédie comme chacun sait, maintient un parfait équilibre entre comédie visuelle, comédie de dialogues (avec une mention spéciale pour les répliques de Ray Bones et sa vulgarité assumée!!!), et un portrait ambigu du monde du cinéma. La morale souffrira, mais le fait est que ces escrocs, gangsters et autres margoulins semblent évoluer dans un monde d'où la police est (presque) totalement absente... Et les producteurs, acteurs, cinéastes en tous genres évoluent main dans la main avec des malfrats, tentant parfois de les imiter (Gene Hackman, fasciné par le monde des gangsters  s'essaie au rôle dans une scène hilarante) avec des résultats peu probants... John Travolta est excellent dans le rôle de Chili Palmer, le cinéphile qui semble ne jamais devoir avoir le moindre pépin. On appelle ça la force tranquille... Sa gentillesse paradoxale nous permet de garder l'impression que tout ceci n'est qu'un film de gangsters pour rire...

Sauf que pour moi il se fait constamment voler la vedette par Dennis Farina, dans le rôle sublime, une vraie synthèse de l'art du comédien, de Ray Barboni dit Bones, mafieux de la vieille école au verbe à la fois haut et très bas ("Fuck you, fuckball!"), au front tout aussi bas, et aux chaussettes antiques dans des mocassins en croco qui trahissent quelque peu son statut professionnel, ainsi que son mauvais goût absolu...

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld Noir Comédie