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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 14:34

Hollywood, années 50: Trois artistes, une actrice (Lana Turner), un metteur en scène (Barry Sullivan) et un scénariste-écrivain (Dick Powell), sont contactés par un producteur, Jonathan Shields (Kirk Douglas). Ils lui raccrochent violemment au nez! Mais réunis autour d'un intermédiaire, le fidèle Harry Pebbel (Walter Pidgeon), ils l'entendent leur faire à tous les trois une proposition, celle de faire pour Shields un film qui permettrait à ce dernier de se remettre en selle. ils vont, à travers trois flash-backs, exposer au public les raisons de leur inimitié pour le producteur...

Premier collaborateur de Shields, Fred Amiel le metteur en scène a beaucoup profité de son association avec lui, jusqu'au jour où pour sauver un film, le producteur a pris une décision radicale; de son côté, Georgia Lorrison sait qu'elle doit beaucoup à celui qui a été son pygmalion, mais elle a souffert de ne pas comprendre toute la situation à l'époque; enfin, James Lee Bartlow, en dépit de ses réserves sur Hollywood, avait énormément apprécié de travailler avec Shields... jusqu'à un certain jour.

C'est passionnant: aidé par un script génial, mélange étonnant de passion, de comédie,et de vitriol, Minnelli accompagné de cinq acteurs de génie revisite les quinze dernières années de Hollywood dans un film définitif. On y devine derrière cette intrigue qui pose forcément trois énigmes (Pourquoi chacun des trois protagonistes a-t-il fini par haïr Shields?), un portrait en creux, non pas d'un producteur à la Val Lewton ou à la David O. Selznick, même si les deux ont servi partiellement de modèle. Non, c'est plutôt un portrait de ce qu'est l'esprit d'Hollywood, son essence même. Il n'y a pas grand chose de plus à dire, sinon que la mise en scène est parfaite, qui réussit un tour de force: même si Kirk Douglas y est l'objet de la narration, il réussit à faire passer son point de vue à lui sur chacune des trois intrigues... Et les anecdotes, qui convoquent des personnages hauts en couleurs (Les producteurs cités plus haut, le tournage de Cat People parodié dans l'un des épisodes, mais aussi le personnage d'un metteur en scène qui aurait pu être Michael Curtiz...), sont croustillantes, passionnantes et irrésistibles. 

Et le style de Minnelli, faussement classique, se joue en permanence des ruptures de ton d'un script exigeant, en empruntant au film noir, notamment, et en traitant avec élégance les intrigues dans l'intrigue, ancrant en permanence le point de vue des uns et des autres sur le centre de ce monde cinématographique, l'insupportable, l'irritant, mais aussi l'indispensable Jonathan Shields; il traite souvent le film comme une comédie aussi... Et comme dans Lust for life et The bandwagon, le film est une fois de plus une déclaration d'amour à mort pour l'art, par un artiste qui sait fort bien de quoi il parle.

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli