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29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 18:06

Le deuxième long métrage de Villeneuve commence bizarrement: un poisson qui vit ses derniers instants nous parle, et nous raconte une histoire. On le reverra, entre deux coups de hachoir d'un poissonnier que les élucubrations occasionnelles de l'animal aquatique nous permettent d'identifier comme étant Norvégien. Et Villeneuve étant Villeneuve, il va nous gratifier d'une narration qui va passer par des circonvolutions inattendues...

...A commencer par un avortement: Bibiane Champagne (Marie-Josée Croze), une jeune habitante de Montréal, se débarrasse d'un souvenir encombrant, et même si on peut se demander l'opportunité de nous montrer les conséquences de cet avortement en détail (Accompagné d'une musique absolument inappropriée, on assiste en effet au parcours d'un employé de la clinique qui enveloppe le foetus, puis le met dans un incinérateur...) mais cette indiscrétion va prendre toute sa cohérence lors de la suite des événements.

Bibiane Champagne, donc, est chamboulée, dans son corps et son être, par la décision qu'elle a du prendre. Elle se sent aussi malade que coupable, et malgré l'aide de sa meilleure amie, Claire, elle a du mal à passer le cap. C'est après une soirée trop arrosée qu'elle percute un homme avec sa voiture, et elle est trop saoûle pour y faire quoi que ce soit; c'est après coup que la réalisation de son acte va lui faire revenir sur cette soirée. Et elle va tomber de très haut quand elle apprendra que l'homme qu'elle a percuté est mort, une fois revenu dans sa cuisine après avoir quitté le lieu de l'accident...

Bibiane transfère donc son sentiment de culpabilité et son mal-être de la mort d'un foetus vers celle d'un vieil adulte solitaire... Et va rencontrer le fils de ce dernier, dont elle va tomber amoureuse. Mais comment lui dire la vérité sur sa responsabilité dans la mort de son père?

Je vous laisse apprécier le déroulement, qui réussit à se finir à peu près positivement, mais sachez que Villeneuve se plait ici à poser des jalons inattendus, entre les êtres, comme entre les événements; par exemple, fallait-il qu'autour de Bibiane tout soit Norvégien? Le poisson qui raconte, l'amie Claire, le monsieur mort, son fils... Fallait-il qu'à Bibiane Champagne corresponde la rencontre avec un jeune homme qui s'appelle Evian? Quand Bibiane, au bout du rouleau, se confie à un inconnu dans le métro, elle ne sait pas que le même inconnu deviendra un confident de son nouveau petit ami dans un bar une fois qu'Evian aura enfin appris que Bibiane est la responsable de la mort de son père; et parfois, on verra des scènes à deux reprises, avec un léger changement de point de vue, de montage, voire de nouveaux développements: ainsi dans une scène au restaurant Claire se plaint du fait que le poulpe soit coriace. La première fois, la scène reste autour des filles qui discutent. Mais la deuxième fois, on suit le garçon dans les cuisines: le patron du restaurant se plaint auprès de son fournisseur... Et celui-ci constate que son employé Norvégien, spécialiste en poulpe, n'est pas venue travailler depuis un certain temps.

Le monde est petit décidément, dans ce drôle de film qui réussit par sa poésie et sa loufoquerie, à permettre à son personnage principal de retrouver le chemin de la vie, en dépit d'une évidente tentation de mort. 

 

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Published by François Massarelli - dans Denis Villeneuve