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2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 18:30

Il n'y a qu'un film comme celui-ci, qui part d'un présupposé glorieusement improbable et va au bout de l'hypothèse, sans laisser une seule piste de côté, sans jamais s'égarer dans les chemins de traverse d'une explication rassurante au phénomène qui agite le héros Phil Connors: celui-ci vit et revit sans arrêt la même journée, si on cherche à savoir pourquoi, on en sera pour ses frais...A quoi d'ailleurs cela servirait-il? Autant aller chercher un sens aux microfilms cachés dans les statuettes de North by northwest! on, ce film n'a rien de fantastique au-delà de ce phénomène qui reste en dépit des nombreuses fois ou Phil Connors s'en ouvre notamment à la dame de ses pensées, un embêtement privé! Et le film se promène du côté d'une Amérique ordinaire, visitée comme tous les ans par un sale type qui va changer de façon impressionnante...

Rappelons les faits: journaliste météo à TV Pittsburgh, imbu de lui-même et porté sur le cynisme et le sarcasme, Phil Connors (Bill Murray) doit se rendre à Punxsutawney, Pennsylvanie, pour y enregistrer une émission clin d'oeil, et y couvrir un festival folklorique délicieusement ringard, le jour de la marmotte. Il déteste ça, à plus forte raison parce qu'il ambitionne de faire de la télévision nationale. Une fois l'enregistrement terminé, il s'apprête à partir en compagnie de l'équipe très réduite, dont la jolie productrice Rita (Andie McDowell) avec laquelle on ne peut pas dire que les rapports aient été chaleureux... Mais le blizzard les contraint à rester sur place, et le le lendemain, Connors est surpris de constater que la même journée recommence. Puis recommence, encore et encore... Lui seul le sait.

La transformation absolue de Phil en un type ouvert sur les autres, sympathique et constructif, qui cesse de se cacher derrière une carapace de méchanceté et d'égocentrisme, ne serait pas crédible si on n'avait pas clairement l'impression qu'il passe en réalité dans sa prison temporelle de 24 heures sur 24, plusieurs mois sinon années. Il va passer par tous les stades: surprise, angoisse, déprime, exubérance devant les possibilités offertes à quelqu'un qui sait ce qui va arriver minute après minute dans une petite ville, mais qui connait aussi la vie, les goûts, les opinions et l'emploi du temps pour  la journée, d'absolument tout le monde en ville! il va aussi essayer de séduire, des inconnues d'abord, avant de s'intéresser à Rita. Et il va accomplir des rêves, les siens, d'abord, puis pas que. Enfin il va, clairement, tomber amoureux... et enfin s'ouvrir.

Le tout reste une comédie, bien sur, impeccable, servie par la simplicité limpide de l'action et le traitement exceptionnel des caractères: un personnage contre tous les autres, d'une certaine façon. Et puis comme dans le film suivant de Ramis, qui repose aussi sur un dispositif fantastique arbitraire et rigolo (mais moins productif à mon sens), le réalisateur profite de son jouet avec une gourmandise visible. Et il invente un comique de répétition d'un genre nouveau, le comique de variation, parfois subtile, parfois spectaculaire. On débouche enfin sur un film qui fait le même voyage que son héros. Et j'applaudis un film qui sait éviter le cynisme à la fin sans tomber dans le larmoyant: je n'ose imaginer ce que ce brave Ron Howard aurait fait de ce film... 

Qui n'aura hélas, à part le sympathique Multiplicity, pas vraiment de suite: les comédies ambitieuses de Ramis sont désormais du passé, mais celle-ci est un joyau. Avec Bill Murray en cerise sur le gâteau: il est splendide.

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Published by François Massarelli - dans Comédie