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8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 09:43

Ce film est assez connu, pour de mauvaises raisons: une rumeur a couru, qui attribuait un rôle à Lon Chaney, qui courait effectivement les cachets du coté de Universal à cette époque. Je n'ai pas vu Lon Chaney. Mais il y a suffisamment de bonnes choses ici, pour s'interdire de faire la fine bouche. 

La présence, ou non, de Lon Chaney n'est d'ailleurs pas le seul mystère de ce petit film: qui l'a mis en scène? Il semble que les papiers de la firme ait retenu le nom de Philip Smalley (Mr Weber), mais il y a fort à parier que Lois Weber est la principale force derrière ce film: dans la mesure ou elle joue dedans, elle a sans doute confié la supervision des plans ou elle apparait à son mari, un peu à la façon dont Buster Keaton se décharge sur Donald Crisp ou Eddie Cline suivant les films (Ou à la façon dont Chaplin confie une partie de la mise en scène à Monta Bell ou Robert Florey). Quoi qu'il en soit, le nom qui restera dans l'histoire du cinéma, c'est Weber.  

Suspense: il ne s'agit que de ça; une femme laissée seule avec son enfant dans une maison isolée, par une domestique apeurée, reçoit précisément la visite indésirable d'un vagabond malintentionné; elle a juste le temps d'avertir son mari que quelque chose se trame avant que le villain ne coupe le téléphone. La suite se joue sur trois plans: le vagabond et ses tentatives d'infraction, les stratégies paniquées de la femme et ses efforts pour protéger l'enfant, et la course effrénée du mari pour arriver à temps. On n'est pas loin du Griffith de Death's marathon, mais le film de Lois Weber (Ou de Philip Smalley) va plus loin que Griffith en offrant du suspense à l'intérieur du suspense: lors de sa ruée, le mari se fait poursuivre par la police, et renverse un vagabond (Qui n'est pas Lon Chaney)...  

Ce qui frappe, au-delà du suspense caféinomane et Parkinsonien, et du montage très précis de ce petit film parfait, c'est l'incroyable ressource en matière d'angle de prise de vue: chaque plan accomplit une tache précise, et pour cela des vues inhabituelles (En 1913 du moins) ont été créées: à un plan du vagabond qui s'avance lentement vers la caméra, qui nous rappelle les Musketeers of Pig Alley de Griffith, succède un plan pris depuis la voiture du mari, qui cadre le rétroviseur sur lequel on peut voir la voiture de police qui le poursuit... Ou encore on remarquera ces plans qui suivent le vagabond depuis l'étage, lorsque celui-ci, tout à coup, se retourne et fixe la caméra d'un oeil mauvais (Et non, ce n'est pas Lon Chaney non plus...). L'ensemble crée un dynamisme dont bien des films de cette époque manquent cruellement, et permet au spectateur d'adhérer à ce qui se passe de la plus belle façon. Un film qui ne fait aucunement mentir son titre, donc... 

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Published by François Massarelli - dans Lois Weber Muet