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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 08:21

Les films de Steven Soderbergh inscrivent dans leur déroulement des notions de mise en scène qui en sont le sujet même, en tout cas l'un des thèmes. Les personnages, démiurges ou manipulateurs, ont des plans, les appliquent, nous les expliquent. Parfois cette notion devient plus discrète, parfois elle prend toute la place... Et avec ce qui reste sans doute comme les plus grands succès publics du metteur en scène, cet aspect prend absolument toute la place... Avec son casse détaillé de sa planification à son accomplissement, et avec ses ruptures de continuité permanentes, qui finissent par être le sujet même du film dans un jeu constant du chat et de la série, ce remake qui ne s'imposait en rien, d'une part parce que l'histoire n'a aucun intérêt, d'autre part parce que, sur le papier, qu'est-ce qui compte, dans l'oeuvre d'un metteur en scène? L'épopée grandiose, tragique et vivante des petits guerriers de la lutte anti-drogue (Traffic)? La réflexion sincère et désabusée sur le devenir de l'âme (Solaris)? La façon dont le monde se met à tourner dans le mauvais sens lorsqu'une épidémie transforme les rapports entre le public et les militaires, entre les scientifiques et les médias (Contagion)? ...ou le film rigolo dans lequel une bande de sympathiques bras cassés nous mènent par le bout du nez durant deux heures en accumulant bons mots et surprises visuelles, le tout dans un environnement contrôlé avec tant de soin qu'on n'en revient pas que le film n'ait pas eu besoin de tellement de temps pour se tourner?

La réponse, bien sur, est "tous ces films comptent". Mais j'aurai toujours une tendresse particulière pour ce film dont Soderbergh a admis qu'il "tait pour lui la clé pour se voir ouvrir toute grande la porte d'Hollywood, des studios et du succès, permettant du même coup à ses films plus personnels de se faire... Mais le plaisir de se faire manipuler, le défi de constater que la bande-son, l'image et le cadre temporel racontent finalement une histoire différente, et au final, ce casse accompli, travail d'équipe qui s'accommode d'une mise en scène calibrée, avec ses surprises, ses impondérables et ses passages obligés, je ne connais pas de meilleure métaphore d'un film.

Et le film, j'aime bien, moi.

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh George Clooney