Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 16:47

Tout commence par l'arrivée d'un Anglais (Un "angliche", un "limey" en argot), interprété par Ternce Stamp, à Los Angeles. Sa fille Jennifer, qui avait quitté la Grande-Bretagne (Et son papa repris de justice), vient de mourir dans des circonstances plus que douteuses: elle a eu un accident sur Mulholland Drive, et sa voiture a pris feu. C'est un ami à elle, Eduardo (Luis Guzman), qui a envoyé à Dave Wilson la mauvaise nouvelle de la mort de son unique enfant. Il est donc venu pour tirer ça au clair, avec l'aide parfois réticente d'Eduardo (Un ancien taulard, qui souhaite plus que tout rester à l'écart des ennuis), et d'Elaine (Lesley Ann Warren), une autre amie de Jennifer. Très vite, Wilson se concentre sur le producteur Terry Valentine (Peter Fonda), avec lequel sa fille a passé beaucoup de temps, et qui a tout l'air de mener des affaires bien louches...

Entre Peter Fonda, Terence Stamp, Lesley Ann Warren, ou encore la présence de Joe Dalessandro, et la bande-son, le film est envahi par les années 60 dont il s'amuse mine de rien à tirer une sorte de bilan, mi-cruel, mi-nostalgique. Soderbergh va jusqu'à donner des flash-backs à son personnage principal, qui sont autant de réemplois de Poor cow, de Ken Loach, permettant ainsi de confronter le personnage de Stamp à ses souvenirs de jeunesse. Comme le dit Terry Valentine à sa nouvelle petite amie, "les sixties, c'était essentiellement 1966 et le début de 1967. Le reste..." Et lui, ainsi que tant d'autres protagonistes, sont coincés comme pour l'éternité dans un lendemain de fête cosmique, dont la mort de Jennifer ne serait qu'une sorte de réveil brutal... Le personnage de Wilson, d'ailleurs, admet avoir passé plus de temps en prison qu'ailleurs, comprenant pourquoi sa fille a tant souhaité prendre le large!

Mais ce film au style si fortement empreint de cette cinématographie particulière qui a tant marqué Soderbergh, reste avant tout un film noir modèle, avec son ange exterminateur mû par une idée fixe, aux méthodes expéditives qui nous renvoient à Get Carter (A ce propos, Michael Caine était pressenti pour le rôle!), et tout sert ici le style, dans un film qui semble n'avoir pas d'autre message que de nous montrer ce qu'il raconte! Et le metteur en scène entremêle les points de vue, et nous fait parfois, de manière abrupte, passer du côté de l'ennemi, soit le riche Terry Valentine, ce qui l'humanise fortement. Le montage aussi est à la fête, avec un déroulement apparemment anarchique, qui joue avec la chronologie un peu à la façon dont Alain Resnais (L'un des modèles de Soderbergh, là encore) s'amusait à perdre le spectateur entre les couches temporelles... C'est un tour de force, et il est du à l'excellente Sarah Flack.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh Noir