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26 juillet 2017 3 26 /07 /juillet /2017 21:08

Marcel et Odette se marient, Marcel (Serge Reggiani) et Odette (Romy Schneider) sont heureux... Les deux hôteliers tiennent un établissement sous le viaduc de Garabit, ils ont un charmant bambin, ils habitent un endroit où les touristes viennent se masser l'été... Donc tout va bien. Sauf que Marcel est épouvantablement jaloux...

Voilà ce qu'on peut dire de l'intrigue de départ de ce film qu'on ne peut pas voir, qui n'a pas été fini, et qui ne le sera jamais... Clouzot avait déjà évoqué la jalousie furieuse, celle qui vous fait faire des bêtises, avec Quai des orfèvres. Il se raconte qu'avec Vera Clouzot, le cinéaste vivait dans un enfer quotidien de jalousie mutuelle, qui avait fourni la base de l'étude contenue dans L'enfer... peu importe après tout: comme toujours avec Henri-Georges Clouzot, le sujet choisi devient une obsession, et comme avec tous ses films précédents, la rage de filmer emporte tout sur son passage, risquant d'entraîner la santé du maître et les engagements tenus... Sauf que cette fois-ci, justement, les engagements n'ont pu être tenus.

Selon certains témoignages, l'infarctus du metteur en scène, qui était en tain de filmer une scène surprenante de sensualité entre Romy Schneider et Dany Carrel, a mis fin au tournage, et c'était nécessaire, car plus personne ne savait où ça allait, pas même Clouzot: près avoir été au bout des possibilités classiques du cinéma avec La vérité, le metteur en scène partait vers l'inconnu, cherchant de nouvelles méthodes narratives, et essayant de mêler cinéma et art cinétique. Le résultat, parcellaire, est beau... mais plus que troublant!

C'est tout ça et même plus, que raconte un documentaire indispensable, fascinant et forcément un peu frustrant, réalisé par Serge Bromberg et Ruxanda Medrea, qui ont tenté de faire sens avec ce qui reste des trois semaines de tournage, et des périodes d'essai et de préparation. Ils offrent à la fois un reflet du film, et de son tournage, en faisant intervenir beaucoup de témoins. Mais surtout ils puisent dans l'énorme stock de bobines qui sont restées inutilisées depuis longtemps... Et même si on voit clairement, par ces images tellement différentes de tout ce qui existe, que le film n'aurait certainement pas pu se faire, les voir reste un privilège...

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Published by François Massarelli - dans Henri-Georges Clouzot