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22 juillet 2017 6 22 /07 /juillet /2017 18:11

Ce film n'existe plus. Tout simplement parce que la dernière copie en existence a brûlé lors d'un incendie qui a ravagé l'entrepôt où elle était stockée. Un accident semble-t-il assez courant, qui nous a coûté de nombreux films, de Murnau (The four devils) ou de Stroheim (La deuxième partie de The wedding march) entre autres... Et s'il y a un film qui est perdu et bien perdu, c'est London after midnight car sa perte est tellement médiatisée, que si une copie ou des fragments avaient réellement survécu (Il y a eu quelques escroqueries et canulars à ce sujet), ça se saurait!

Et donc cette médiatisation passe aussi par la case reconstruction, voyez ce qui est arrivé pour The four devils, de Murnau: Janet Bergström en a reconstitué les contours au moyen de photos de plateau et autres documents... C'est ce qui est fait ici, mais le documentaire adopte une position unique, à savoir qu'il entend se substituer au film pour en raconter l'intrigue, et le fait par ses intertitres tels qu'ils sont connus aujourd'hui (Probablement la liste de ceux qui étaient prévus a-t-elle été conservée avec le script) en plus des photos de plateau, qui au moins sont un reflet partiel de l'aspect visuel voulu par Browning...

L'intrigue, inspirée d'une histoire de Browning intitulée The hypnotist (un titre qui décidément en dit trop) est très proche de celle du remake du film, Mark of the Vampire, à ceci près que ce dernier film est plus logique sur un point: tout part d'un meurtre, maquillé en suicide dans London after midnight. Le remake change cette idée, puisque le meurtrier a plutôt l'idée de maquiller son acte en une attaque de vampires, ce qui justifie la suite! Ici, le détective Burke (Lon Chaney) enquête autour des exactions de vampires, parmi lesquels on reconnait le mort, sir Roger Balfour. Il s'agit d'une machination (Balfour est en fait un sosie) pour confondre l'assassin, et déterminer si c'est le meilleur ami (Henry B. Walthall) de Balfour, ou son neveu (Conrad Nagel) qui a fait le coup... la fille de Balfour (Marceline Day) est au courant de tout, et prête son concours aux comédiens qui interprètent les vampires... Parmi lesquels Burke lui-même, déguisé en créature de cauchemar, l'image la plus connue de ce film perdu du reste.

Une collection de photos de plateau, qui étaient toujours prises à part du tournage, ne rendra que très partiellement compte d'un film disparu. On a malgré tout une assez bonne idée de l'ensemble, même si on est sur (A plus forte raison si on a vu le remake!) que Browning avait su rendre le film plus nocturne. Le maquillage de Chaney en vampire est justement célèbre, et me paraît intéressant en particulier parce qu'il semble être plus inspiré du design de la créature de Frankenstein dans sa version Edison 1910! On est loin du gothique ouvragé à la Lugosi. Et Burke, énigmatique détective qui a plus d'un tour dans son sac, est une autre création probablement fascinante de Chaney, un homme qui dès qu'il n'est pas seul, se comporte comme un inspecteur pompeux de Scotland Yard, avec une moue dédaigneuse. Mais ça ne l'empêche pas, selon la légende établie de Chaney, d'en pincer pour la fille de Balfour...

On ne verra sans doute jamais London after midnight, pas plus que The big city (De Tod Browning), The tower of lies (Victor Sjöström), ou Thunder (William Nigh) si ce n'est pour ce dernier les quelques secondes qui ont survécu. Alors, impossible de trancher l'actuel débat entre ceux qui avancent que c'est probablement un chef d'oeuvre et d'ailleurs c'est le plus gros succès de Chaney et Browning à la MGM, et ceux qui au contraire se basant sur les souvenirs de ceux qui ont vu le film, estiment que c'était un navet de catégorie Z! Quoi qu'il en soit, il est dommage que les deux seuls films de Browning et Chaney qui aient disparu soient justement ceux qui essayaient de sortir des schémas établis avec The unholy three et The blackbird, et offraient justement un peu d'air frais dans un corpus que je continue à trouver un tantinet poussiéreux.

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Published by François Massarelli - dans Muet Tod Browning Lon Chaney 1927 Film perdu