Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 juillet 2017 4 20 /07 /juillet /2017 18:09

Au commencement, il y a un scénario pour un film qui aurait pu s'appeler The hypnotist... L'idée était du pur Browning, et il n'a eu aucune difficulté à convaincre Irving Thalberg de produire une version avec la star Lon Chaney, sous le titre de London After Midnight: un film désormais légendaire pour des raison inattendues.

D'une part, tous les commentateurs qui ont eu la chance de le voir, et qui sont probablement tous morts aujourd'hui, le disent: London after midnight ne cassait rien. Selon eux, Chaney y était en pilotage automatique, les gags étaient nuls, et on s'ennuyait ferme. Au vu de la relative médiocrité de la majorité des films de Chaney à la MGM (J'en sauve un ou deux sur ceux que j'ai vus, pas plus), je suis prêt à y croire.

D'autre part, London after midnight a disparu: la dernière copie en a brulé dans un incendie il y a cinquante ans... Des hordes de fans transis d'un film qu'ils ne verront jamais, leur intérêt attisé en particulier par des photos d'un maquillage il est vrai exceptionnel, le cherchent... 

Mais la MGM, ayant d'autres chats à fouetter, a offert à Browning la possibilité de revenir à cette histoire en 1935, sans Chaney décédé en 1930. Browning a eu une carrière en dents de scie, et au vu de ses films muets de 1925 à 1929, je ne m'explique plus vraiment la cote d'amour dont il jouit auprès de nombreux fans de Chaney et d'adorateurs du bizarre. C'est un réalisateur capable, mais ses histoires ne tiennent pas debout, ses obsessions se répètent jusqu'à l'embarras et les fautes techniques abondent, sans parler du rythme mortifère et d'une direction d'acteurs souvent inexistante. On le cantonne à des films sans grand relief... Ses films avec Chaney tournent à vide à force d'exploiter inlassablement la même formule... C'est le même homme qui a commis avec Dracula l'un des films les plus agressivement ennuyeux et mal foutus de l'histoire, avant de revenir en grâce avec un chef d'oeuvre sans aucune concession, Freaks... Voilà, Mark of the vampire est à la croisée de ces chemins: un script ridicule, des acteurs peu ou pas dirigés, et au final un petit miracle paradoxal de non-sense, qui propose comme souvent chez Browning une mise en abyme du monde du spectacle sous un versant qui sent particulièrement mauvais des pieds.

Si vous n'avez pas vu le film, arrêtez vous à la fin du paragraphe suivant.

Le film se situe dans une Transylvanie de pacotille: un homme meurt... On a tôt fait d'accuser les vampires, auxquels tout le monde croit. Pas le Baron Otto (Jean Hersholt), l'ami du défunt, et futur tuteur de l'héritière Irena (Elizabeth Allan), ni l'inspecteur Neumann (Lionel Atwill). Le crime, si crime il y a, reste impuni... Mais quelques mois plus tard, on retrouve Fedor le fiancé d'Irena, qui a subi une attaque de vampire à son tour. Puis on commence à apercevoir le légendaire comte Mora (Bela Lugosi) et sa fille Luna (Caroll Borland), les deux vampires les plus célèbres de la région... accompagnés souvent d'un troisième: Sir Karell, le défunt père d'irena. Il est temps pour un spécialiste d'entrer en scène: le professeur Zelin (Lionel Barrymore) arrive donc...

Lionel Barrymore a parfois besoin de direction, et a priori il n'en a pas reçu ici, il n'en fait qu'à sa tête... mais ça fonctionne parce que ça participe en plein du joyeux style franchement parodique de l'ensemble. Browning, pas si attiré par le fantastique, plus par le bizarre, semble se moquer de son propre Dracula (Que faire d'autre, du reste?) en laissant ses acteurs cabotiner en roue libre, et son intrigue faite de tromperie permanente faire le reste. Et au final, il s'avère que ce n'est qu'illusion, mensonge permanent, mise en scène et décorum... Et y revenir pour en dénombrer les failles est assez facile, mais rappelons que le film n'est pas que l'histoire d'une équipe policière qui trompe un meurtrier (Le baron Otto, qui a cru bon de simuler une attaque de vampires pour camoufler son meurtre, et qui se retrouve tout-à-coup face à des vampires qu'il croit vrais), il est aussi l'histoire d'un public de cinéma qui se fait berner jusqu'au trognon. Le péché mignon de Browning, qui adorait les menteurs et les truqueurs, et semble prendre tellement de plaisir avec ce petit film pour rien...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Tod Browning Boo!