Le troisième Zatoichi est aussi le premier des films à adopter la couleur. En dépit de la nouvelle palette, utilisée avec bonheur tout du long, c'est d'abord et avant tout un film très amer, qui était supposé clore la trilogie initiale en montrant les raisons qui feront que le héros, le masseur aveugle (et bretteur légendaire) Ichi (Shintaro Katsu), revenu chez lui, s'enfoncera désormais toujours plus avant dans la solitude, l'errance et bien sûr la violence...
Dans un premier temps, Zatoichi voyage, et comme dans les deux premiers films, il fait des rencontres qui testent sa légende: lors d'un séjour dans une auberge, il stationne en compagnie de la famille d'un ami, qu'il a rencontré par hasard, et qui l'invite à se rendre en sa compagnie vers leur village natal. Lors de la soirée, ils sont dépouillés par des bandits... Qu'Ichi retrouve le lendemain, réussissant à trouver les arguments (Sonnants, et trébuchants aussi!) pour persuader les voleurs de rendre leur bien aux paysans qu'ils ont détroussés...
C'est ainsi que dans un premier temps, on constate un glissement du personnage, qui n'était pas aussi "Robin des bois" dans les deux films précédents: il partageait le quotidien des petites gens, mais son "travail" de Yakuza le faisait plutôt s'associer, pour le meilleur et le pire, avec des chefs de clan.
Mais lors de ce séjour "à la maison", le masseur croise son ancien maître. Tout va fort bien se passer entre eux, jusqu'à ce que le maître ne s'irrite de voir sa jolie soeur passer trop de temps avec son ami. Et le film vire à la confrontation, sous les yeux hagards de la soeur de l'un et de l'amoureuse de l'autre, entre le maître et l'élève...
Malgré la tentation du bien qui se fait insistante dans le film, Zatoichi va donc devoir ajouter de nouvelles sources de frustration à son avenir, lui qui déplore, tôt dans ce film, d'avoir tué trop de gens, qu'ils aient ou non mérité de mourir...
La réalisation de ce nouveau film est en tous points efficace, confiée à un metteur en scène que je qualifierai volontiers d'illustre inconnu! Quant à Shintaro Katsu, il habite le rôle, toujours avec le même bonheur...