Quel dommage qu'Hitchcock n'ait jamais travaillé, à part pour ce film de la série A. H. Presents, avec Vincent Price... l'acteur le plus gothique de sa génération et le metteur en scène de Rebecca et Under Capricorn auraient eu des choses à partager sans doute. Mais le rationnel irrationnel Hitchcock avait sans doute besoin d'acteurs moins, disons, marqués que lui...
Ici, donc, Price est un détective Charles Courtney, qui a une très haute opinion de lui-même. Il reçoit la visite chez lui d'un avocat (James Gregory), et après les banalités d'usage et la visite du musée personnel de Courtney, composé de pièces qui sont des souvenirs des affaires qu'il a élucidées, l'invité dit à son ami qu'il a commis un jour une erreur judiciaire; il lui raconte l'affaire dans le détail, afin de prouver ce qu'il avance...
La cible du metteur en scène, dans un premier temps, est la vanité incroyable de Courtney, qui est persuadé incapable de faire une erreur. Et les deux hommes se battent à armes inégales, car Courtney et sa vanité ne font pas le poids devant les arguments de son invité. Mais très vite, le film rend justice à son titre, car l'avocat va raconter à son ami comment l'épouse adultère a tué son mari en comptant plus ou moins sur la dévotion de son amant, que le détective Courtney s'est empressé de juger coupable. ...Parce que l'homme en question, désireux d'épargner la femme qu'il aime, a tout fait pour cela.
Et Courtney, qui a dans ses collections une place vide, celle d'un "crime parfait", donc quelque chose à laquelle, selon ses convictions, il ne sera jamais confronté puisqu'il est supposé déjouer toutes les ruses et machinations, voit donc ses certitudes flancher...
A côté du huis-clos formé par le duo, Hitchcock insère des flash-backs "objectifs", une objectivité mise à mal par le fait qu'ils sont commentés par les deux rivaux en voix off. il s'amuse à y rejouer le cinéma muet, avec des plans d'une clarté impressionnante. Et on y constate que le metteur en scène s'y est adonné à quelque chose qu'il n'a fait que très rarement: la scène se situe vers 1910, le film est donc l'un des rares "films en costumes" de son oeuvre.