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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 14:16

Paul Sheldon (James Caan) est un auteur fêté, riche, accompli... du moins si on accepte qu'il ait quelques réserves quant à la source de son succès: la série de romans consacrés au personnage d'aventurière romantique de Misery Chastain lui a apporté la gloire, mais il n'en peut plus... Il a d'autres ambitions que de réaliser des succès faciles, et il entend bien s'y consacrer.

Au moment le plus mal choisi, il a un accident: en plein Colorado (Il est superstitieux, et vient systématiquement dans cet état en voiture, pour y finir ses livres), il a un accident de voiture grave. Selon toute vraisemblance, il en serait mort, s'il n'y avait eu l'intervention providentielle d'une femme, Annie Wilkes (Kathy Bates), infirmière de son état. Le hasard fait bien les choses, car Paul est amoché. Et aussi: Annie est une fan, une vraie... Elle va remettre Paul sur pieds, constater que celui-ci vient d'écrire un roman autobiographique qui ne lui plaît qu'à moitié, et alors que Paul se remet doucement, lire le "nouveau" Misery, tout juste sorti de presse. L'héroïne meurt, Annie voit rouge: elle annonce à Paul qu'il est coincé chez elle, et qu'il a intérêt à filer doux, car elle n'a prévenu personne de sa survie. Il est prisonnier de celle qui se déclare sa fan numéro un.

La réalisation de ce film est exceptionnelle, comme toujours avec Reiner au sommet de son art: c'est juste en permanence, et le film appelait un traitement hitchcockien, le metteur en scène ne se fait pas prier! Le suspense est impressionnant de maîtrise, et les occasions, dans ce qui est presque un huis clos (On sort un peu, grâce aux savoureuses interventions du shériff "Buster', homme de loi paradoxal interprété par Richard Farnsworth), ne manquent pas d'appuyer sur l'angoisse. Reiner cite même une scène de Psycho lors du dénouement de son thriller... On est dans une situation poussée à l'extrême, aussi bien par Reiner que par Stephen King, auteur du roman initial. Et le choix peu banal, de tourner dans une vraie maison débouche sur un réalisme saisissant dans ce qui aurait pu être un grand guignol un peu vain.

Et vain, ça ne l'est jamais: tout dans le film, comme dans le roman, insiste sur l'idée d'un auteur à succès, prisonnier de ses fans et de leur folie, de leur exigence, et au final, de leur mépris pour l'intégrité physique de leur auteur chéri. Et le portrait par Kathy Bates, magistrale (le rôle de sa vie, sans aucune contestation) de l'infirmière Annie Wilkes, est formidable de méchanceté à l'égard d'une catégorie de la population Américaine qui est aujourd'hui particulièrement bien représentée... jusqu'à la maison blanche.

Et après The Shining, autoportrait en forme d'histoire horrifique d'un auteur en voie d'aliénation, Misery vient à point nommé nous rappeler que l'art, ça vous mange tout cru, jusqu'à vous rendre prisonnier. De l'écriture, du public, ou, comme King en son temps, de l'héroïne. Le livre est un classique, oui, mais le film est magistral.

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Published by François Massarelli - dans Rob Reiner Noir Stephen King