Un Porky Pig agricole de plus? Pas vraiment, car ce film, qu'il est assez étonnant de pouvoir voir (L'auto-censure de la Warner qui tendait jusqu'à présent à pousser ses dessins animés gênants sous le tapis est-elle finie?) est en réalité surchargé en provocations, et va même faire d'un sous-entendu graveleux le sujet même du film...
On passera sur le fait qu'un lapin (Jack Bunny, allusion à Jack Benny bien sûr) manque d'y casser un oeuf tout noir et puant, qui renferme en réalité un poussin noir qui parle avec l'accent de Eddie 'Rochester' Anderson, vedette Afro-Américaine du vaudeville à l'époque (On peut le voir dans Cabin in the sky de Minnelli)... Pas du meilleur goût, donc.
On constate que Porky est présent environ sur une minute de film, confirmant le fait qu'il n'est plus qu'un prétexte... Mais le véritable héros est Eddie Cackler, le coq: il attend désespérément un poussin, un garçon insiste-t-il, et son épouse Ida ne sait lui donner que des filles. Jusqu'au jour ou son copain, le coq Bing, lui donne un secret: il suffit de chanter comme un crooner, et les oeufs de poussins mâles affluent!
C'est idiot, me direz-vous. En effet. Mais l'intérêt est ailleurs: Bing est bien sûr le crooner Bing Crosby, et Eddie Cackler est une caricature de Eddie Cantor, chansonnier des années 20 et 30, qui était, tout le monde le savait, gay. Alors cette histoire d'un coq efféminé qui attend, avec insistance, un poussin mâle, en mettant des panneaux "Boy wanted", sur son poulailler, c'ets, comment dire, un peu gonflé...