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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 18:04

A la faveur de la sortie en Bu-ray de la mythique "version télévisée" du film de Richard Donner, enrichie de 48 minutes, faisons un petit voyage dans le temps, vers 1978, donc, inévitablement, vers l'enfance. Pas celle du cinéma, bien sûr, à cette époque le septième art est un digne octogénaire, encore propre sur lui. Non, par enfance, je voulais dire...

La mienne.

C'est sans doute pour ça qu'à l'heure de tenter une réflexion vers Superman de Richard Donner, ou Star Wars, de l'autre, toute distance critique m'échappe soudainement... Mais on va essayer quand même.

Pour commencer, en 1978 ce film de Super-héros était une révolution: on n'avait jamais traité cet univers au cinéma avec un budget conséquent, et autrement que comme un prétexte psychédélique à faire soit du serial crétin, soit de la série Z assumée. Et le pari des frères Salkind avait, derrière leurs gros sabots vaguement mercantiles, un peu de dignité: faire revenir les gens dans les salles en voyant grand, très grand. Même s'ils avaient parfois mauvais goût: confier Dumas à cet abruti de Richard Lester (qui reviendra à la fin de cet article, on n'est jamais débarrassé des escrocs), par exemple, c'était d'une rare crétinerie. Mais l'idée de redonner au cinéma du samedi soir une vraie allure, en fidélisant les spectateurs sur plusieurs séances, avait de quoi séduire. C'était le plan initial.

En effet, pour raconter avec panache l'histoire de Superman, il fallait bien quatre ou cinq heures; c'était donc le plan: un film en deux parties de deux heures et demie, mais unies par la même ligne narrative. 

Deux ans après le lancement de la production, pourtant, les circonstances ont décidé d'un changement de direction: Richard Donner était épuisé, le producteur Pierre Spengler ne pouvait plus le voir en peinture, et les distributeurs ne croyaient pas au film géant. La décision a donc été de faire subir à Superman exactement le même traitement que celui qu'a subi le film The wedding march, de Stroheim (Attention, je ne dis pas que Donner est le Stroheim des années 70, hein!): on sort la première moitié telle quelle, et on retouche le reste afin d'en faire un film indépendant... Sous la direction d'un imbécile. Le résultat, Superman II, est sans doute dans le Guiness Book des records, pour avoir été le festival de retakes les plus moches de l'histoire, et si vous coulez mon avis, je ne le reverrai de toute façon pas! Nous voici donc face à un film de deux heures et demie, qui devrait être déséquilibré, mais qui, miracle, ne l'est pas. C'est que donner a au moins réussi à obtenir  des Salkind de contrôler cette première moitié, et de lui donner de l'allure...

Quand on aborde un film pareil, il faut abandonner non seulement les habitudes prises devant les 1547 longs métrages jetables sortis par Marvel chaque année, mais aussi son âme d'adulte, raisonnable et réaliste. Toi qui entre ici, reprend donc ton âme d'enfant.

Quand je vous le disais!

Donc ce Superman possède des qualités, beaucoup de qualités: la naïveté indispensable à l'entreprise, une certaine dose de second degré, sans cynisme (Ce qui gène bien sûr aujourd'hui), et une sorte d'esprit comic-book particulièrement réussi; c'est sans doute le meilleur film de Richard Donner, un metteur en scène qui n'a pas vraiment à mon humble avis fait beaucoup d'étincelles, mais qui a pris un certain nombre de bonnes décisions ici. On aurait pu faire mieux (Margot Kidder, par exemple...), mais le film a su passer les années tel quel avec la tête haute. L'humour et le second degré sont d'autant plus poussés qu'ils sont essentiellement confiés à la bande de Gene Hackman, et franchement, l'opposition entre la mégalomanie de BD de Luthor, face à l'héroïsme premier degré de Christopher Reeve, pour moi, font merveille.

Le montage du film, tel qu'il est sorti, a donc été trituré à deux reprises: d'une part pour une director's cut très décente qui fait passer le métrage de 140 à 151 minutes (c'est la version montée par Donner pour les DVD en 2000), d'autre part, pour une 'extended version' montrée à la télévision à l'aube des années 80: le film y passe à 188 minutes; on s'attend à ce que ce soit trop long, l'idée essentielle étant d'allonger les scènes existantes. 

...Surprise: je trouve que le film en ressort grandi (sans jeu de mots), que le rythme qui aurait pu être poussif, en acquiert une certaine majesté. Bon, certes, ce n'est ni fast ni furious, mais... tant mieux, non? Et les trois heures sont élégamment divisées en deux parties égales pour permettre un visionnage en deux épisodes...

Et bien sûr, ça donne envie d'allonger la sauce en y ajoutant le remontage de Superman II par Donner, qui y a inséré ses scènes tournées avec goût, en enlevant tout ce que Lester y avait vomi. On va sans doute prolonger l'aventure, donc.

Comment ça, je n'aime pas Richard Lester? Et qu'en savez-vous, d'abord?

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Published by François Massarelli - dans Science-fiction