Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

16 décembre 2017 6 16 /12 /décembre /2017 08:57

The last performance, le film qui a suivi le célèbre Lonesome dans la carrière de Fejos, est une oeuvre bien différente de ce dernier. Si les premières scènes montrent les mêmes tentations de donner à voir un kaléidocope d'images pour présenter le monde dans lequel les acteurs vont évoluer, la mise en scène en est ensuite plus traditionnelle. Mais si Fejos a toujours admis avoir accepté la commande de l'Universal afin de travailler avec Conrad veidt, l'univers de l'acteur l'a singulièrement inspiré...

Pour son dernier film muet Américain, Veidt ("Erik le Grand", surnom auto-proclamé) est un illusionniste-hypnotiseur, vedette d'un show européen dont a célébrité dépasse les frontières. Il est fou amoureux de Julie, son assistante (Mary Philbin, la partenaire de Veidt dans le magnifique The man who laughs de Paul Leni, en 1928), et n'a jamais vraiment envisagé que celle-ci puisse ne pas l'aimer. Le trio se complète d'un assistant, Buffo (Leslie Fenton), au comportement distant et vaguement cynique. Un jour, Erik surprend chez lui un cambrioleur qu'il décide d'engager plutôt que de le dénoncer à la police: Mark Royce (Fred Mckaye) va tomber amoureux de Julie, et le drame de la jalousie sera inévitable...

 

Le film est un show entièrement dédié à Veidt, qui trône au milieu d'un monde dont il est persuadé d'être le monarque absolu, objets, foule et aussi êtres, à commencer par Julie qu'il emprisonne symboliquement en l'inondant de messages d'amour et de portraits de lui. Dans sa loge, le magicien a des masques de lui-même, et tout est tout en lui revient à sa propre certitude de sa supériorité... Mais si le film devient un drame de la jalousie lorsque Erik est amené par Buffo à voir Mark et Julie enlacés, et à enfin comprendre qu'il n'a aucune chance de pouvoir vivre heureux avec la jeune femme, c'est autant de la jalousie du héros que de celle de Buffo dont il est question. Devant un patron aussi énorme, aussi imposant (Voir l'ombre gigantesque qu'il projette sur les amants lorsqu'il les surprend) Buffo est lui aussi un amoureux rejeté, qui ne va chercher de secours que dans le dépit, et qui va provoquer sa propre perte en trahissant le secret de Julie et de Mark. La légende de l'acteur Veidt avait déjà, d'une façon scandaleuse, été associée à l'homosexualité dans le film militant Anders als die Anderen de Richard Oswald en 1919, mais ici, c'est en contrebande que Fejos introduit le sujet, permettant d'enrichir considérablement le portrait baroque d'un narcissique, sans pour autant faire de Buffo un monstre, comme on le fera dans le portrait des homosexuels jusqu'aux années 70.

Ces deux derniers films muets d'un auteur fascinant et trop rare sont une redécouverte essentielle, même si on admettra aisément la supériorité évidente de Lonesome sur le suivant, réalisé à une époque ou le touche-à-tout Fejos (Etudiant en médecine, metteur en scène, anthropologue et ethnologue!!) commençait déja sérieusement à s'ennuyer à Hollywood...

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1929 Paul Fejos **