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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 17:37

Un jeune homme dont le nom ne sera jamais donné dans le film, interprété par Ryan Gosling, gagne sa vie en conduisant. Et ce, de plusieurs façons: d'une part, habitant à Los Angeles, il effectue des cascades pour les tournages locaux; il est également mécanicien, très apprécié de son patron; et celui-ci détourne parfois le regard quand son employé lui emprunte un véhicule pour un braquage, et fait le chauffeur d'occasion pour des malfrats. A ce niveau, ses conditions sont très précises, mais son tableau de chasse est parfait: personne n'a jamais eu à se plaindre de lui. Et il a des perspectives d'avenir: avec l'argent d'un petit mafieux local, son patron va monter un business de stock-car avec lui en vedette... Tout irait pour le mieux, donc... sauf que le héros a une voisine, qui a un enfant. Et si au départ c'est juste bonjour-bonsoir dans l'ascenseur, la sympathie, et plus, s'installe.

Il apprend que la jeune femme, Irene (Carey Mulligan), est mariée à Standard (Oscar Isaac), le père de Benicio, qui est en prison. Il va d'ailleurs bientôt sortir. Quand il revient, les ennuis vont commencer, car Standard a des dettes, et la bande qui l'a protégé en prison souhaite le faire payer leurs services. Quand il apprend que les malfaiteurs ont clairement menacé Irene et Benicio, le chauffeur va venir en aide à son voisin, et...

...Clairement, les ennuis vont s'accumuler.

Mais alors, vraiment!

C'est très lent, et Ryan Gosling adopte un profil bas, et le plus souvent mutique. Irene aussi, d'ailleurs; non, ce sont les autres personnages qui font la conversation, la plupart du temps. Il en résulte une forte adhésion du spectateur à ces deux personnages à part, que tout devrait rapprocher, mais que tout éloigne, et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Ryan Gosling interprète un personnage prêt à tout mettre entre parenthèses pour sauver la femme qu'il a décidé d'aider... Y compris contre son gré. 

Mais le film, au delà de sa lenteur, est aussi froid, et particulièrement violent: les scènes les plus dures sont souvent fulgurantes, soudaines, courtes... et graphiques. On comprend assez vite que les personnages n'ont pas grand chose à perdre, et il y a là une formidable galerie de personnages, de Ron Perlman en bandit à la manque, spécialiste du coup foireux qui éclabousse, ce qui le rend d'autant plus dangereux, à Christina Hendricks qui joue une participante d'un casse qui est tellement vulgaire qu'on s'étonne de l'entendre s'exprimer avec des mots... 

Et le film possède ses scènes d'anthologie: une scène d'ouverture, durant laquelle on comprend en plein feu de l'action les circonstances parfois louches de l'exercice du métier du héros; elle se clot sur une poursuite à la précision diabolique. une scène formidable et inattendue joue avec bonheur (Ce n'est pas souvent que je ferai cette remarque) sur une utilisation inventive du ralenti: comme quoi c'est possible! Le héros est dans l'ascenseur avec la femme qu'il aime; un autre homme est là, et on comprend vite qu'il est précisément venu pour les éliminer tous les deux. Le reste est indescriptible... Enfin, une scène d'ultra-violence dans un club de strip-tease, durant laquelle divers outils, dont un marteau, sont utilisés pour faire passer un message, trouve un écho presque comique lorsque un personnage contrarié assassine un pauvre malfrat un peu bête qui passait par là, à coups de fourchette! La plupart de ces moments sont systématiquement des surprises, un ingrédient que le réalisateur danois semble manipuler avec une maestria rare, dans un genre aussi codé et aussi prévisible.

...Ca ne s'invente pas. Mais surtout, derrière ces embardées de violence d'autant plus notables qu'elles sont cachées derrière la lenteur calculée de la narration, se cache une histoire, un requiem qui est un modèle de film noir. A ne pas mettre devant tous les yeux, cela va sans dire...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Ryan Gosling