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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 17:05

S.O.B. vient bien sûr d'abord de son of a bitch, une expression triviale qu'il est probablement inutile de traduire ici. Mais dans le film, se trouve une autre interprétation de l'acronyme quand un personnage décrit une situation particulièrement embarrassante comme étant un Standard Operational Bullshit. Et le film nous conte en effet une situation particulièrement épineuse, qui ne fait qu'empirer à chaque minute...

Mais d'abord, il me semble qu'il faut évacuer quelque chose: la réputation ou la gloire d'un film tient parfois à peu de choses... Ce film est aujourd'hui surtout réputé pour être celui dans lequel Julie Andrews, l'actrice qui possède sans doute la plus belle image de sainte-nitouche de toute la création, montre une partie de son anatomie. Et tant qu'à faire, elle le fait en interprétant une actrice dotée d'une solide image de sainte-nitouche, qui doit justement se dévêtir pour un rôle... Tiens donc.

Justement: Julie Andrews est l'épouse de Blake Edwards, et à ce stade a interprété quatre rôles pour son mari: Darling Lili en 1970, puis The Tamarind Seed en 1974, et enfin un rôle d'épouse potentiellement trahie dans 10(Ten) en 1979. Et le metteur en scène a cette fois décidé de se lancer dans un film qui sans être autobiographique, est quand même bien proche de lui sur bien des points...

Le producteur Felix Farmer (Richard Mulligan) finit un film, avec son épouse Sally Miles (Julie Andrews): une comédie musicale, qui a sa sortie est conspuée partout, par les studios, la presse et le public. Farmer est en pleine dépression, son épouse décide de partir du domicile conjugal avec les enfants et de profiter de la situation pour se lancer dans une opération de divorce, et le metteur en scène n'a plus qu'à se suicider. Seulement, c'est semble-t-il plus facile à dire qu'à faire... Devant ses tentatives répétées, les propriétaires de Capitol Films dépêchent un groupe de mercenaires du métier afin de temporiser et de sauver le studio: le metteur en scène Tim Culley (William Holden), qu'on a déjà chargé d'une mission de sauvetage du film encombrant, et un médecin prêt à tout (Robert Preston) sont du voyage.

Mais au lieu de se tuer, Felix émerge de l'expérience gonflé à bloc: il vient d'avoir une idée pour sauver son film.  Il va en faire une comédie musicale pornographique, et demander par-dessus le marché à sa tendre épouse de se déshabiller... alors commence une lutte de pouvoirs autour d'un cadavre encombrant de film qui, décidément, bouge encore...

Tout ici semble renvoyer à une certaine idée du studio de cinéma tel qu'il existait dans les années 70, avant que le cinéma indépendant n'ait la peau de cette image. Edwards règle clairement ses comptes avec la MGM et la Paramount, dont il se rappelle les déboires eu moment de tourner et d'achever ses films consécutifs Darling Lili (un désastre financier, dont le final cut a été confisqué par la production), Wild Rovers (Remonté derrière le dos du metteur en scène) et The Carey Treatment (Montage enlevé des mains d'Edwards)... Le film n'a pourtant que très peu un goût de vengeance, car chacun y va de son auto-dérision. S'il est évident que Richard Mulligan (Surtout avec cette coupe de cheveux!) joue à être une sorte de vision déformée d'Edwards, que penser de l'extraordinaire prestation de Julie Andrews? 

...En même temps, c'est Julie Andrews.

Mais voilà, même en réglant ses comptes, il y a deux façons dont une comédie de Blake Edwards peu fonctionner: la réussite ou le désastre. C'est heureusement la première solution qui se joue sous nos yeux, avec sans doute le cocktail le plus complet des éléments de son univers qu'il m'ait été donné de voir: gags visuels taillés pour l'écran large, accidents méchants (un doigt mordu, un homme qui traverse un plafond, et ce pauvre Larry Hagmann qui se prend une voiture hors champ et finit en fauteuil roulant... Et puis une party hollywoodienne finit en orgie, des drogues s'échangent, et les excès de langage et de jeu au-delà du naturel se suivent à la pelle. Bref, on rigole... Le fait est qu'en plus Edwards a rassemblé un casting incroyable pour son petit règlement de comptes: Marisa Berenson, Robert Vaughn, Shelley Winters par exemple complètent la liste des déjà mentionnés...

...Jusqu'à un certain point, car Edwards, qui n'a pas oublié de mettre un petit élément perturbateur dans ce jeu de massacre (Un type qui meurt sous nos yeux au début du film, et qui va rester couché sans vie sur une plage dans l'indifférence totale) n'a pas oublié qu'à Hollywood, le succès ou la réussite ne sont pas conditionnées par le fait qu'une personne qui le recherche doit rester vivant. Un film finit par être un jouet dans les mains des actionnaires, des financiers, des patrons de studio, des avocats, etc... Il choisit donc de tuer son personnage potentiellement principal au terme d'une cavale absurde, et de continuer son film sans lui, pour aller jusqu'au bout de la farce macabre.

Et là, ça devient irracontable, mais disons qu'il y a quand même des funérailles viking.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Blake Edwards