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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 08:06

Tracy Samantha Lord (Katharine Hepburn) s'apprête à convoler pour la deuxième fois en justes noces, cette fois avec un homme du peuple (John Howard), en quelque sorte: élevé à la force du poignet. Son précédent mari, C.K. Dexter Haven (Cary Grant) n'était pas un homme du peuple, mais il avait le défaut de la décevoir. Etait-ce sa faute à lui, ou, comme Dexter le suppose, à cause de l'intransigeance hautaine de la jeune femme? Afin de répondre à cette question, Dexter débarque la veille du mariage avec deux journalistes qu'il fait passer pour des amis du frère de Tracy: l'écrivain bougon (car pas reconnu à ce qu'il estime être sa juste valeur) Macaulay Connor (James Stewart), et la photographe maussade (d'être constamment flanqué d'un homme qu'elle aime et qui n'a pas fait le moindre commencement de geste en sa direction, en dépit de leur authentique amitié) Liz Imbrie (Ruth Hussey). En quelques heures, la vie de ces gens, de la famille Lord, mais aussi le mariage vont être secoués, pour ne pas dire bouleversés...

Tout tourne autour de Tracy, tout revient à Tracy. Elle est le fil rouge, mais n'est pas non plus la seule femme à donner du sel à cette intrigue: fidèle à son habitude, Cukor a su donner en peu de scènes un caractère inoubliable à Liz Imbrie, et n'a pas raté non plus les personnages de Dinah (Virginia Weidler), la petite soeur Lord (un peu un ange gardien pour Dexter), et de la mère de Tracy (Mary Nash). Mais le principal intérêt pour le spectateur d'aujourd'hui reste la mécanique combinatoire: Hepburn + Grant; Grant + Stewart; Stewart + Hepburn; et bien sûr, Hepburn + Grant + Stewart. 

Le film est adapté d'une pièce de Philip Barry, qui a eu un énorme succès, et dont le rôle principal était écrit dans le but d'être interprété par Hepburn, justement; celle qui était devenue "Box office poison" selon l'expression consacrée fait donc un remarquable retour à l'écran après quelques années sur les planches, avec ce film qui va enfin changer son image auprès du grand public. On peut émettre l'hypothèse que Kate Hepburn, dans ce film, joue son propre rôle tant la jeune femme de la bonne société du Connecticut se retrouve dans le rôle de Tracy. Il a donc fallu une bonne dose d'auto-pastiche pour interpréter le rôle, dans une intrigue dont tout repose sur un certain nombre d'échanges, et sur le fait qu'en dépit de sa tentative de contrôler toute la situation, Tracy reste évidemment le jouet de Dexter jusqu'au bout.

Le parcours de la jeune 'socialite', ce terme désignant une femme de la bonne société, passe par une interrogation: doit-elle se marier avec l'homme du peuple, bien sous tous rapports, mais qui a tendance à être ennuyeux? le jeune journaliste pourrait-il être le bon? après tout, il a écrit un livre qu'elle trouve fascinant, et il est pétri de caractère, c'est le moins qu'on puisse dire... Ou une troisième solution: même si leurs rapports conjugaux ont fini sur une notoire fausse note (Une séquence entièrement muette nous la présente au tout début du film), elle reste attachée à Dexter, comme le reste de la famille d'ailleurs. Ca fait un paquet de dilemmes, à la veille d'un mariage qui par dessus le marché convoque toute la bonne société de Pennsylvanie.

Cukor y raffine son style: de la comédie qui ne craint pas de laisser les acteurs se débrouiller par eux-mêmes, le réalisateur croyait en leur compétence, et il avait raison; mais le metteur en scène, qui suit de très près ses interprètes, sait aussi dévier en toutes circonstances vers le drame, sans en avoir l'air. C'est comme ça qu'il a réalisé tant de classiques, dont celui-ci est l'un des plus importants. Mais je reste persuadé que la vraie cerise sur le gros gâteau, ici, c'est James Stewart: il est hallucinant.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie George Cukor Cary Grant