En 1763, une jeune femme (Paulette Goddard) condamnée à mort choisit l'exil pour éviter l'échafaud. Elle est donc déportée aux Amériques, pour y être vendue comme esclave. Durant la traversée elle tombe entre les mains de l'odieux traître Garth (Howard Da Silva) mais secourue par le militaire Chris Holden (Gary Cooper): la lutte à mort entre les deux hommes pour la jolie immigrante a commencé...
Côté pile, ce film est du pur DeMille, qui obéit à tous les commandements du metteur en scène:
I: L'Histoire, tu simplifieras, en te débrouillant pour qu'on ait un camp du bien et un camp du mal. Les Indiens font partie du décor, il n'appartiendront ni à l'un ni à l'autre.
II: Haut en couleurs, le film sera: en Technicolor, si possible, et tous les costumes seront l'occasion de convoquer l'une ou l'autre des trois couleurs primaires. Ca fera joli avec le vert des forêts.
III: "Malédiction!" tu diras: Les dialogues seront crétins au possible.
IV: Ici tu te tiendras en t'enroulant dans ta cape: la composition de l'image n'a pas besoin d'être plus élaborée que celle d'un film de 1916.
V: Tes copains tu placeras: comme d'habitude on trouvera bien un rôle pour Julia Faye, Henry Wilcoxon, etc...
VI: Gary Cooper, en valeur tu mettras, car les foules viendront.
VII: L'ouverture du film, tu commenteras, car un film DeMille doit porter la marque du Professeur DeMille. Lyrique tu seras, y compris en parlant de Pittsburgh.
VIII: Un brin de sadisme réglementaire tu mobiliseras, car on veut du frisson. ...Les Indiens, peut-être?
IX: Paulette Goddard, en danger tu mettras. ...Les indiens, peut-être?
X: Paulette Goddard, dans la mesure du possible si on tient compte de la censure, deux ou trois fois tu déshabilleras.
Côté face, on a un film d'aventures qui ne tient évidemment pas debout, mais qui fait tout un tas de détours possibles pour amener ses héros (Goddard et Cooper, qui sont forcés de cohabiter avant quel'amour ne s'installe) d'un point à un autre. Et en chemin: Boris Karloff en chef Indien, du Technicolor rutilant, des rivières traîtresses, des montagnes grandioses, des rapides meurtriers, et des cascades inquiétantes, plus des Indiens qui effectuent le siège d'une garnison, et de multiples dangers pour la jeune femme. Le tout en courant dans le bois... C'est un genre à part entière, on l'appelle le "pré-western", et ma foi ça se laisser regarder... Quand on n'a pas un John Ford sous la main.