Tout a une fin: avec ce film, Chaplin quitte la Keystone de Mack Sennett pour la compagnie Essanay, ou il avait enfin, et en étant mieux payé, la possibilité de faire ce qu'il voulait au lieu de faire ce qu'il pouvait. Le problème, il allait très vite s'en rendre compte, c'est qu'il fallait pour cela aller à Chicago, ou les conditions météorologiques n'étaient pas propices, mais n'anticipons pas.
Getting acquainted est, une énième fois, la bonne vieille formule "allons au parc, et tournons une histoire de marivaudage endiablé avec deux couples dont les maris sont de fieffés dragueurs". Chaplin et son rival Mack Swain sont mariés respectivement à Phillys Allen et Mabel Normand, et le lieu a déjà servi et resservira. Toutefois, on mesure à quel point la formule, aussi usée soit-elle, a été raffinée par Chaplin, qui a réussi à faire en sorte que la frénésie soit tempérée par un début de caractérisation, qui donne aux épouses un peu plus que le rôle de faire-valoir, qui donne au policier (Edgar Kennedy) un rôle beaucoup plus subtil d'arbitre, et qui structure justement le film autour du ballet des couples, de conciliabules entre les époux et les épouses, et pour finir qui évite comme le note justement Jeffrey Vance dans ses notes de se livrer au moindre jet de briques ou de tartes à la crème...