Bien que signé par Mack Sennett, le film met en valeur, souvent séparément, les deux stars de la firme que sont Chaplin et Mabel Normand. De plus, ils sont très officiellement crédités du script de ce petit film, on peut raisonnablement le leur attribuer, sachant que c'est très éloigné du style de Sennett, comme pouvait l'être The knockout, et que la complicité entre les deux acteurs, pourtant rivaux, est évidente dans la scène finale. C'est une comédie conjugale qu'on peut considérer comme une certaine forme de parodie de court métrage à la Griffith, dont n'oublions pas que les films de la Keystone sont les héritiers directs.
Chaplin et Normand y sont un couple, aux prises avec un voyou, interprété par Mack Swain. Mabel reproche à son mari de ne pas la défendre contre les séducteurs, et lui lui reproche de se laisser faire. Une dispute plus tard, elle achète un mannequin pour faire croire qu'elle a un homme (Un vrai) chez elle, et lui va consciencieusement s'abimer dans une intense soûlographie, qui lui donne tant de courage, qu'il rentre chez lui et casse la figure au mannequin. Certes, on n'est pas dans Citizen Kane, mais on sent l'effort pour faire évoluer la comédie conjugale, et Chaplin, quant à lui, confère à ses segments un jeu de plus en plus subtil, non seulement de sa part, mais aussi de ses partenaires: Sennett n'aurait jamais permis à ses figurants d'être aussi bons...
A ce propos, dans la scène du café, l'un des jeunes voyous présents retrouvera Chaplin 17 ans plus tard, sur un ring: il s'agit de Hank Mann dont la scène qu'il jouera dans City Lights est un des très grands moments de la carrière de Chaplin.