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27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 09:04

Au début du siècle, en Irlande, nous faisons la connaissance de James O'Connell (Russell Simpson), un fier Irlandais sans le sou, qui s'est marié par amour à une Anglaise d'une riche famille... Laquelle ne veut plus entendre parler d'eux. Une petite fille est née, Margaret dite Peg, mais Madame O'Connell se meurt, dans l'indifférence affichée et militante de son propre frère...

Les années passent: Peg est devenue une belle jeune femme (Laurette Taylor) qui accompagne son père dans des diatribes anti-Anglaises insensées. Ils sont vaguement hors-la-loi, et vivent parfaitement heureux, jusqu'à ce qu'un avocat, Montgomery Hawkes (Lionel Belmore) vienne les débusquer: il représente les intérêts de feu le frère de Mme O'Connell, et celui-ci a décidé sur son lit de mort de faire quelque chose pour Margaret. Hawkes persuade donc son père de la laisser partir pour l'Angleterre où elle sera prise en charge par sa tante Chichester (Vera Lewis), moyennant une rente coquette...

Le problème, c'est que personne chez les Chichester n'est au courant... mais une rente annuelle de £3000, n'est-ce-pas, cela ne se refuse pas, surtout quand les circonstances sont si drastiques que même un Chichester envisage éventuellement de... travailler.

Vidor et l'auteur de la pièce originale, J. Hartley Manners, se sont mis d'accord pour changer le début de l'intrigue: dans la version montrée à Broadway, Peg et son père sont aux Etats-Unis, où l'avocat vient les chercher. Mais Vidor a choisi d'amplifier le contraste entre la famille Chichester (la mère, totalement murée dans ses préjugés, le fils qui désire "se sacrifier" en cherchant à "faire carrière", et la fille pourrie et gâtée, mais qui seule comprendra que Peg est quelqu'un de formidable), et la jeune Irlandaise délurée qui va apporter beaucoup de péripéties dans leur foyer un peu trop tranquille.

Celle-ci est interprétée par Laurette Taylor, qui n'est autre que l'épouse de Manners, et c'est sans doute là que le bât blesse: sa présence en haut de l'affiche a valu un crédit de "Superviseur" à son mari, et elle joue le rôle d'une jeune femme bien moins âgée qu'elle (Taylor  39 ans lors du tournage) et... ça se voit. Non seulement, mais comme elle a tendance à jouer un peu à la façon dont Griffith demandait à Carol Dempster et Mae Marsh d'interpréter les femmes-enfants, c'est souvent, disons, gênant... Pour le reste de l'interprétation, il n'y a pas de problème, et Vidor s'amuse avec ce mélange éprouvé de conte de fées, de mélodrame et de comédie. Il n'oublie pas de signer le film, avec une utilisation savante du décor, soit pour pousser son lyrisme (L'Irlande), soit pour montrer les différences sociales (la demeure des Chichester), et surtout il utilise à merveille la nature: le marivaudage dans les vergers, et la scène de la rencontre entre Peg et l'homme de sa vie(Mahlon Hamilton), située pendant un orage, en témoignent...

Cette production Metro bien ficelée a consolidé la position de Vidor, et s'il est clair que le film ne porte pas totalement sa marque et reste un compromis, il n'en est pas moins une pépite, parmi celles qui mènent à The Big Parade.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1922 King Vidor