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9 juin 2018 6 09 /06 /juin /2018 11:49

Chaplin, à la Keystone, va essayer toutes les facettes de ce nouveau médium qui l'enthousiasme tant, y compris un registre plus dramatique... Situé dans un décor de banque, ce film est une petite merveille, mais il faut lui rendre justice: oui, The new janitor est une grande date chez Chaplin, mais la maladresse de la mise en scène y est d'autant plus palpable que les ambitions sont importantes...

Il joue le nouveau concierge de la banque, qui essaie de s'atteler à ses tâches domestiques tout en se laissant aller à des langueurs pour une jolie secrétaire (Helen Carruthers); pendant ce temps, un drame se joue: un employé de bureau (John T. Dillon), accablé de dettes, va forcer un coffre, sous les yeux de ladite secrétaire.

On le voit, avec ce film, Chaplin est le seul vecteur de comédie, entièrement lié à son caractère, mais le reste est de la narration dramatique classique, et c'est là que le bât blesse. Le casse est filmé en un seul plan, les acteurs sur-jouent, et sont déjà anachroniques en 1914; quant à la scène remarquée par l'historien Jeffrey Vance, qui voit Chaplin jouer dangereusement avec la mort en risquant de rester suspendu dans le vide, il faut dire qu'elle reste plutôt suggérée que vraiment montrée, et elle est un tant soit peu gâchée par quelques fautes de grammaire: l'inversion de la perspective la rend un peu moins lisible. Il fera beaucoup mieux. Par contre, il joue avec adresse de son personnage un peu décalé pour créer du suspense, lorsque le concierge viré hésite à répondre aux appels (dont nous savons que ce sont des appels à l'aide) de la secrétaire...

Mais ce qui compte, c'est après tout le fait que pour Chaplin il n'y a plus lieu de tenter de rester coincé dans le carcan de la comédie lourdingue; de fait, le film n'est pas du tout comparable au reste de la production Keystone, et le metteur en scène reviendra sur le scénario pour le film The bank, l'année suivante, en allant plus loin dans la sophistication. A noter toutefois qu'ici, il sauve réellement la banque, et gagne le coeur de la belle... Admettons que ce n'est pas si souvent.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Charles Chaplin Mack Sennett