Die Flamme, ou Montmartre tel qu'il était nommé en France et dans les pays anglo-saxons, est le dernier film Allemand de Lubitsch, qui est en partance pour les Etats-Unis, où il fera la merveilleuse carrière que l'on sait. Je suis toujours un peu mitigé sur la partie Européenne de la filmographie du metteur en scène, en raison d'une trop grande versatilité, ce qui pourtant devrait être un avantage. Dans le cas de Lubitsch, qui nous a habitué grâce à ses comédies Américaines à sa fameuse "touch", qui consistait en une utilisation géniale du regard pour faire passer les situations à travers de menus détails mis en exergue, les films Allemands tournaient souvent, succès et savoir-faire oblige, autour de sombres épopées qui se prêtent mal, justement, à l'intimisme de sa mise en scène.
Difficile du reste de juger ce film, un conte de marivaudages cruels dans lequel Alfred Abel joue manifestement le rôle d'un tentateur et Pol Negri une femme qui tente de faire oublier une mauvaise réputation: il en reste peu de choses... La version restaurée par la cinémathèque de Münich est réduite à une seule bobine, et concerne la confrontation entre les trois principaux protagonistes: Yvette (Pola Negri), prostituée amoureuse qui est prête à se sacrifier pour ne pas entraîner dans sa chute l'homme qu'elle aime; Gaston (Alfred Abel), le manipulateur qui la menace, et Adolph (Hermann Thimig), l'homme de la belle société qui revient vers la femme qu'il aime. Ce dernier étant un peu à part, l'extrait est surtout consacré à un conflit ouvert entre Pola Negri, femme forte comme Lubitsch les aimait, et Abel, en diable au sourire charmeur...
En espérant qu'un jour on puisse voir enfin le film sinon dans son entier, en tout cas dans une continuité plus décente: dans ce drame en costumes qui se joue dans des intérieurs Parisiens, il me semble que j'ai vu plus de Lubitsch que dans tout Das Weib des Pharao, qui lui a fait l'objet d'une reconstitution spectaculaire...