Seules trois bobines sur cinq ont survécu de ce film, et encore: pas dans un très bon état. Mais si l'histoire en est morcelée (il en manque en particulier le début, et sans exposition le travail du film sur le spectateur s'en trouve amoindri), il se comprend aisément et se suit sans problème grâce à la reconstitution des fragments manquants par Jon Mirsalis, spécialiste imbattable de Lon Chaney.
Le personnage principal en est une femme, interprétée par Dorothy Phillips: épouse et mère de famille, elle s'émeut de ce que son mari (Frank Wilson) comme son fils (Jack Nelson) puisse un jour déserter le foyer pour répondre à l'appel du drapeau. Et lorsque l'occasion se présente, comme Margaret ne parvient pas à empêcher son mari de partir, elle songe à utiliser un moyen radical pour retenir son fils: son frère, e Dr Ardath (Lon Chaney) a en effet mis au point un produit qui agit sur le coeur, simulant une crise cardiaque: elle décide d'en donner à son fils à son insu, afin de la garder près d'elle...
Comme les autres films de De Grasse que j'ai pu voir, celui-ci est impeccablement mis en scène, profondément mélodramatique et hautement improbable. Mais surtout on y décèle la tendance ambigue du Hollywood des années 10 autour de la première guerre mondiale: partir en Europe? Ne pas partir? Et pourquoi faire? Qu'adviendra-t-il des soldats qui partiront? Ménageant tout le monde, le film apporte plusieurs réponses, et se vautre dans une fin pacifiste qui n'est pas du meilleur goût. Quant à Chaney, il est, drapé dans sa dignité de médecin, l'instrument du destin... Jusqu'à un certain point.