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26 juillet 2018 4 26 /07 /juillet /2018 16:37

S'il est un film qui est une halte bienfaisante dans l'univers de Lon Chaney, c'est bien celui-ci, réalisé par un metteur en scène méconnu mais qui se met clairement au service de son histoire et de ses stars. Chaney, pour la première fois depuis Outside the law, y est un oriental, et l'intrigue est étonnante:

En Nouvelle-Angleterre, dans une ville de pêcheurs, très rigoriste, on apprend qu'il y a eu un naufrage, qui a emporté la vie d'un certain nombre d'hommes du coin. Parmi eux, le violent Daniel Gibbs (Walter Long), marié à Sympathy (Marguerite de la Motte), et qui lui mène la vie dure... Un des rares survivants du naufrage est un Chinois, Yen Sin (Lon Chaney), qui n'est pas du village, mais comme il a tout perdu, et en dépit des réticences des locaux ("on n'est pas des païens") il va s'installer dans une péniche, faire son travail de blanchisseur et s'intégrer du bout des lèvres...

Arrive un nouveau pasteur, John Madden (Harrison Ford): il est jeune, il est beau, et il séduit la belle Sympathy; quelques temps plus tard, ils se marient, et ont une fille. Ce qui ne fait pas les affaires de Nate Snow (John Sainpolis), un homme du village amoureux de la jeune femme depuis toujours. Madden s'est attelé à évangéliser Yen Sin, ce qui n'est pas une mince affaire, mais il gagne au moins son amitié... 

Un jour, un drame secret arrive pour Madden: il reçoit une lettre de Dan Gibbs qui le fait chanter... Ne pouvant s'en ouvrir auprès de la population, il commence à souffrir le martyre et est obligé de se séparer discrètement de sa femme et de sa fille... 

C'est un petit film, produit par l compagnie Preferred Pictures (De B. P. Schulberg, futur cadre à la Paramount), mais ça ne l'empêche pas d'être de grande qualité: d'abord, par son refus du spectaculaire dans la peinture de petites gens; ensuite par l'ouverture d'esprit incroyable qui est ici manifestée (les protestants de Nouvelle-Angleterre y sont montrés dans leur intransigeance religieuse, et c'est yen Sin qui va les conquérir, voire les sauver, et non le contraire); enfin par la façon dont la mise en scène laisse vivre et respirer les acteurs: sans nul doute, l'influence de Chaney sur la production a du être énorme... Quant à lui, si parfois il en rajoute un peu trop dans la courbette, son maquillage est impressionnant, et la création du personnage de Yen Sin, joué avec une incroyable tendresse, fait quand même partie de ses très grands moments: c'est dire...

 

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Published by François Massarelli - dans Lon Chaney Muet 1922 *