Réalisé par un illustre inconnu au pedigree presque burlesque (Ancien Soldat - le film est d'ailleurs crédité au "major" Maurice Campbell - mais aussi activiste de la prohibition, lors d'une carrière bien remplie qui est allègrement passée du coq à l'âne), ce petit film est un véhicule pour l'ancienne partenaire de Harold Lloyd, que Paramount voulait lancer en tant que star à part entière, mais dans des petits films si possible... Et c'est Bebe Daniels elle-même qui a produit cette comédie de six bobines, prouvant que quand on participe en tant qu'actrice à des comédies de une et deux bobines pour les studios Hal Roach, on apprend toujours quelque chose.
Parce que toutes proportions gardées, ce film est excellent, venant contredire la prudence du studio, qui a préféré sortir Ducks and Drakes sous un label différent de Paramount, Realart (une filiale dédiée à des efforts moindres): c'est une comédie réussie, dans la lignée de celles de Cecil B. DeMille...
"Teddy" Simpson (Daniels) est une orpheline élevée (tant bien que mal, la belle est turbulente) par une tante d'un autre siècle (Mayme Kelso). On lui destine un mari bien comme il faut (Jack Holt), mais Teddy rêve de romantisme, lit des romans olé olé, et s'amuse souvent avec le téléphone: elle prend des numéros au hasard et flirte avec des hommes qu'elle ne connaît pas... Jusqu'au jour où elle tombe sur deux amis de son fiancé. Les trois hommes décident de la remettre sur le droit chemin, en utilisant un stratagème délirant...
Dès le début, on sent l'importance du geste, du vêtement et du confort comme éléments de caractérisation sociale. Bebe Daniels, en flapper des premiers temps du jazz age, est excellente, et mène la danse avec un tempo hérité de ses années de comédie. Ces 57 minutes passent comme un rien, et confirment que cette actrice que l'histoire a relégué au second plan, avait beaucoup de choses à dire.