Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 15:49

Barbara Manning (Bebe Daniels) est une jeune héritière d'une famille riche, et particulièrement excentrique d'hypocondriaques. Au moment de sa majorité, elle doit passer sous la tutelle d'un nouvel oncle, après avoir été sous la responsabilité d'un autre: ce dernier, obsédé par la santé, l'empêche de tout faire depuis sa plus tendre enfance, de peur que son père ne s'emballe. L'autre souhaite que sa filleule s'émancipe de cette obsession sanitaire et vive un peu... Quand la jeune femme décide de se rendre au sanatorium qui appartient à la famille, l'oncle en question va être servi: l'établissement est tombé dans les mains de l'étrange docteur Todd (William Powell): celui-ci n'est pas un vrai docteur, mais un bandit, et le sanatorium est devenu une plaque tournante du trafic d'alcool frelaté... Mais bien sûr, elle ne s'en rend pas compte, et va bénéficier du soutien inattendu d'un trafiquant qui est en réalité un journaliste en plein reportage sensationnel (Richard Arlen)...

La plupart des films Paramount de Bebe Daniels ont disparu, et au vu de ceux qui nous restent, c'est dommage! Venue du slapstick avec Harold Lloyd, elle combine un talent de comédienne romantique, avec une absence de scrupule pour participer occasionnellement à de la comédie un peu plus physique. Et ici, elle mène le jeu avec humour et une grande dose de charme. Elle y joue comme du temps de Harold Lloyd une ravissante farfelue, qui ne se rend absolument pas compte du fait que l'établissement qui l'accueille est tout sauf un hôpital, justement: totalement imbue d'elle-même, absolument pas ouverte au monde, la jeune femme est précisément un pendant féminin de l'hypocondriaque Harold Lloyd de Why Worry? qui ne se rend absolument pas compte que l'île Sud-Américaine sur laquelle il vient de débarquer est en proie à une révolution sanglante...

Le film est l'oeuvre de Gregory La Cava, dont la vaste œuvre reste pour moi un grand chantier de découverte... Il a le don pour faire coexister, justement, la comédie et la romance, notamment en glissant dans le sanatorium le journaliste infiltré, joué par Richard Arlen, qui va être à la fois élément perturbateur et objet de l'affection de l'héroïne... Et bien sûr, la confrontation avec William Powell est féconde. Celui-ci, clairement, s'amuse à jouer les terreurs... Son style partagé entre un jeu clair et direct, naturel mais souvent inquiétant (il a fallu attendre le parlant pour qu'il lui soit proposé des rôles positifs), et un abandon comique qui éclate lors d'une scène au ralenti, quand le "docteur Todd" est victime de l'évaporation du chloroforme, et participe à un superbe ballet surréaliste. Et Bebe Daniels, certes la star du film, n'a pas non plus peur d'affronter la comédie, et se livre ici à quelques plaisanteries, pour lesquelles elle n'a pas eu besoin de doublure. On appréciera notamment son numéro de surf sur planche improvisé, et une scène de beuverie loufoque...

On n'en revient pas: ce film a été un flop monumental, suite à des critiques unanimement négatives à l'époque de sa sortie. Dans ce cas, sa survie est un miracle, une fois de plus...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1928 Gregory La Cava ** William Powell