C'est d'un roman noir de Patrick Alexander, Mort d'une bête à la peau fragile, que Lautner tire son troisième film avec Belmondo. Une fois de plus, Audiard est de la partie, pour l'une des dernières fois, mais le scénario est signé de Lautner et du nouveau venu Jacques Audiard, dont le père, évidemment, se charge des seuls dialogues.
C'est loin d'être son chef d'oeuvre...
Josselin «Joss» Beaumont, un agent secret Français, a été arrêté dans une petite dictature Africaine, alors qu'il se préparait à assassiner le président Njala, sa mission. Mais le gouvernement français ayant changé, les relations avec le président en question aussi, et c'est donc avec la collaboration active du service qui l'a envoyé que Beaumont a été démasqué. Il passe donc deux ans dans un bagne, mais s'évade de façon spectaculaire, et rentre en France juste à temps: le président Njala doit effectuer une visite diplomatique en France: l'occasion pour Joss de terminer sa mission d'une part, et de se venger d'autre part des services qui l'ont trahi...
D'une part : au moins, il y a une histoire, et Belmondo n'est pas en totale liberté comme il pouvait l'être sur le film précédent, l'infect Le guignolo. On pourra toujours discuter de l'opportunité de lui faire dire « Couscous poulet » avec un accent qui donne l'impression qu'à côté de lui Michel Leeb est Victor Hugo, pour un gag totalement idiot, et surtout pas drôle, mais dans l'ensemble, Belmondo joue. Mal, mais il joue. Un personnage bien dans sa ligne (coucheur, raciste, buveur, arbitraire, violent, manipulateur), et qui se croit drôle, bien sûr. Pour le reste, le film est aussi dans la ligne des polars de Lautner, ceux qui sont à prendre au sérieux : une ligne droite, méthodique et assez impitoyable, dans laquelle le destin montre que l'espoir n'a pas sa place, et dont les incidents peuvent ressortir du pus haut baroque.
Mais politiquement... Dans ce film ou on critique en permanence la démocratie et ou on n'utilise pour parler d'un dignitaire étranger que les mots de «négro», «nègre», voire qu'on le compare à un singe, oh, avec subtilité, mais c'est encore pire... On aime Lautner au pays des rigolos, de Bernard Blier et de Francis Blanche, pas quand il devient la concitoyen de Nadine Morano et cette vieille saloperie de Céline, l'écrivain préféré d'Audiard. C'est à fuir, il n'y a rien, mais alors rien à sauver dans ce film nullissime. Pas même la musique de supermarché d'Ennio Morricone.