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En 1963, au moment de succéder à John Fitzgerald Kennedy (Jeffrey Donovan), le vice-président Lyndon B. Johnson (Woody Harrelson) revoit les années qui l'ont mené là où il est, dans une voie de garage: la lutte interne au parti démocrate pour s'imposer en tant que candidat, face à l'irrésistible ascension du boy wonder Catholique, les difficultés à faire valoir ses ambitions face aux connections de Robert Kennedy (Michael Stahl-David), et finalement le compromis du vieux Sudiste face au jeune candidat de la Nouvelle Angleterre. Les manoeuvres parfois un peu bizarres, en coulisses, pour faire passer des pilules difficiles à ses alliés, les "Dixiecrats", ou Démocrates du Sud, particulièrement chatouilleux sur le problème de la ségrégation...
A force de faire tout ce qui lui chante, Rob Reiner a fini par se perdre un peu... Un peu beaucoup même: celui qui tirait de son absence de style, revendiquée, le parti de toucher à tous les genres, a fini aussi par faire n'importe quoi, et s'est spécialisé dans les bas-fonds de la comédie. Mais LBJ, film biographique consacré à l'un des derniers présidents auquel on aurait pensé pouvoir consacrer une production ambitieuse (notez qu'il y a pire: Gerald Ford, par exemple!), ressemble particulièrement à un projet très personnel, pour un metteur en scène dont les idées ont toujours été proches de celles du parti démocrate, dans sa frange la plus progressiste.
...Ce qui, évidemment, peut paraître antinomique avec un retour sur Lyndon Baines Johnson, d'une part parce que le vieux renard avait entièrement basé sa carrière politique au Texas sur le soutien des franges les plus poussiéreuses du parti dans le Sud, allant jusqu'à combattre toute tentative de changer la donne en matière de discrimination venant de la Maison Blanche, qu'elle vienne de Truman, ou de Einsenhower. Et l'image du Président Johnson est entachée à tout jamais par sa gestion du conflit au Vietnam. Alors Reiner a surtout raconté de quelle manière le vieux politicien, qui avait tant souhaité accéder à la magistrature suprême selon ses propres termes, avait pris la décision d'accomplir le voeu de son malheureux prédécesseurs, une réforme qu'il n'approuvait pas mais qu'il comprenait comme incontournable. L'accomplissement du film est cette réussite. Le reste de la carrière est traité selon la routine du genre, par une série de textes qui nous rappellent l'histoire...
Les acteurs sont bons, très bons même, mais il faut un temps d'adaptation au spectateur pour accepter ce qu'il a sous les yeux et surtout ces abominables maquillages souvent indignes. Ce qui n'enlève rien à la verve de Harrelson, qui nous rend le vieux renard politique décidément bien sympathique. Et cette histoire de politicien qui met le progrès et le bien de l'humanité avant ses propres intérêts (ce qui est bien sûr une vision assez naïve) est finalement assez rafraîchissante alors qu'un fasciste est à la Maison Blanche.