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26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 16:46

Retourner sur ses pas, se remettre dans la peau d'une sorte de soi-même en plus jeune, et s'amuser de mélanger son art tel qu'il est maintenant (gros moyens, CGI, direction d'acteurs) avec ce qu'on aurait fait à une autre époque... en matière de méta-cinéma, Ready player one est un auto-pastiche, un "à la manière de" parfaitement assumé. Cela s'imposait-il?

...Pourquoi pas, à une époque où le type de situation qui nous est montrée dans ce conte (le monde est tellement glauque qu'on préfère "vivre" dans un univers parallèle) devient pour beaucoup une réalité, Spielberg peut à nouveau confronter la science-fiction au monde actuel, comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises. Mais qui s'attendrait à une fable pleine de sens en sera pour ses frais: RPO, adapté d'un best-seller écrit par un fan de tout ce qui vient des années 80 et donc incidemment des films dirigés ou produits par Steven Spielberg, c'est avant tout de la rigolade, du pur plaisir... 

Et je le dis haut et fort: pour réussir à me faire comprendre un film situé dans l'univers des jeux vidéo, et ne jamais me perdre, il fallait un sacré métier, donc je confirme une nouvelle fois: Spielberg connait son affaire. Ce n'est pas un scoop... Mais à travers ce film en forme de gros bonbon de plaisir, qui déroule une histoire assez classique (et très disneyienne) de jeunes un peu décalés qui vont s'imposer dans le vrai monde grâce à ce qu'il se passe dans leur univers virtuel, Spielberg nous livre aussi des autoportraits, inattendus: d'un côté, il se réinvente en créateur paradoxal (dont le destin réel est un easter egg à lui tout seul) qui se tient à l'écart du monde, dont il a raté l'examen d'entrée: fonder une famille. Le bon vieux complexe de Spielberg dans les années 70-80, et qui revient périodiquement dans ses films. Et il se montre aussi en petit adolescent surdoué mais socialement incapable, qui va réussir sa vie en creux dans le monde du jeu vidéo...

Et tout ça en mettant un point d'honneur à ne jamais s'auto-citer: car il y a de tout dans le film: du Zemeckis, du Star Wars, du Kong, des Looney Tunes... mais à part un T-Rex, rien qui puisse remonter à Tonton Steve. Si ce n'est, bien sûr, à travers deux trois trucs structurels, comme ces écrans explicatifs qui remontent tout droit à Minority Report...

Voilà, je m'étais dit en voyant ce film parfaitement plaisant, mais vide de sens, et totalement accompli et oblitéré dans le plaisir facile qu'on y prend, qu'il n'y aurait strictement rien à en dire. J'avais un peu tort, puisque je viens d'y consacrer quelques lignes. Maintenant, je le redis, je doute qu'il contienne le secret de l'univers, même bien caché: c'est seulement l'histoire d'une société qui s'est oubliée dans le fait de se vautrer dans du virtuel qui n'a rien d'une réalité, et qui réapprend au fur et à mesure à remettre les pieds sur terre.

Mieux, c'est une étape de plus dans un parcours singulier, qui a poussé le metteur en scène à constamment innover, marquer dans son parcours et dans l'histoire du cinéma des étapes essentielles, techniques, narratives, structurelles et thématiques, sans jamais y perdre son âme, ni la possibilité en passant de réaliser des Munich, ou des Lincoln. Et tant que c'est lui qui réalise ces étapes, pourquoi s'en priver?

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Science-fiction