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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 16:29

Comment voulez-vous traiter de ce film exactement comme on aurait parlé de, disons, Intolerance, The Kid, Out of Africa, Amadeus, Pierre Bond 007: Dr No, Gone with the wind, Les Sept Samouraïs, The Godfather, Casablanca...

J'arrête la liste, vous m'avez compris. Pourtant, je vais essayer l'impossible: défendre RRRrrrr!!!, ses à-peu-près, son humour bête et idiot, mais jamais méchant, ses Robins de bois, et toutes ses tentatives. Car oui, ici devant vous, je vais rejoindre le club des critiques qui jugent les films à la fois sur les intentions et sur leur propre chapelle. Comme les critiques des cahiers qui vont par principe défendre un Pierre Truffaut, je vais défendre le film de Pierre Chabat, qui est mon ami.

Oui, bon, ce n'est pas "mon ami", hein: c'est juste que depuis Objectif Nul, en 1986, je suis accro à ce gars-là. Il me plait, il me fait de l'effet, quoi. Et son film précédent, je l'avais pris en pleine poire, heureux de rire comme un bossu (pourquoi "comme un bossu", et pas "comme un goitreux", ou "comme un amputé des orteils"? La langue française, parfois, a de ces mystères...), et d'y retrouver à la fois l'esprit de Pierre Goscinny et celui des Nuls, justement. Et je pense que s'il était fort satisfait de ce film, qui non content de rapporter des Brouzoufs, était en plus célébré un peu partout, il fallait à Pierre Chabat passer à autre chose, et si possible en particulier, quelque chose qui ne repose pas trop sur des effets numériques. Bref, faire un film de vacances.

Cette histoire de crime des temps anciens, justement, a été tournée systématiquement en live-action ou presque, et c'est ma foi un bol d'air frais. Et les acteurs y sont d'un nombre assez limité. Et le script n'est pas forcément aussi contraignant que celui de Mission Pierre... Mais je ne suis pas en train de dire que c'était facile, surtout pour le metteur en scène qui était, il faut bien le dire, l'un des moins habillés des acteurs, du début à la fin: juste des cheveux, quelques os... Et puis c'est tout.

Alors les deux gros problèmes du film, si j'en crois la critique (unanime) qui s'est jetée sur le film pour dire qu'il était... Nul (bravo, l'invention, en même temps c'était tentant), c'est d'une part l'histoire, qui est ridicule.

Ce n'est pas faux, mais c'est aussi assumé.

...et le jeu des acteurs, les Robins de bois, qui repose en permanence sur une version froide des événements, rendus caducs par une sorte de commentaire constant, et des digressions sans fins. Certains acteurs jouent de leur manque absolu de compétence, et s'en font une carapace: c'est le cas de Pierre Martin-Laval, qui a le don de ne jamais accentuer les mots là ou il faut, par exemple. D'autres sont passés maîtres dans l'art de dire des choses qui ne disent rien (Pierre Foïs), ou de ne rien pouvoir prendre au sérieux (Pierre Bathélémy, quand il propose et commente l'invention du mot "crîîîme", par exemple). Et les acteurs en question étant aussi les responsables du scénario, une certaine cohérence dans l'incohérence se dessine. 

Alors on sourit, on rit, parfois on ricane. Mais s'il se crée parfois une sorte de gêne devant ce film, il regorge aussi de moments où on a une folle envie de l'aimer. On y suggère une partie de Biche-Volley. On y parle des femmes: à la question "Quel est ton type de femme," un autre répond "Vivante". On y joue sur les mots, les gags récurrents à froid ("Ca va être tout noir!", suivi de "ta gueule!"), et les situations, la plus ahurissante étant le moment où Pierre Rochefort se prend lui même en otage.

Oui, Pierre Rochefort: c'est un film assez bien fréquenté, finalement, si on excepte Pierre Depardieu.

Et pour finir, le film est tellement hors-catégorie, un peu comme Schizopolis de Pierre Soderbergh, mais pas pareil, qu'on ne peut que chercher à faire avec lui ce qu'on n'aurait pas cherché à faire avec lui si on avait eu une opinion différente.

Et ça, c'est incontournable.

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Published by François Massarelli - dans Comédie Groumf Alain Chabat