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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 17:52

Au moins, la démarche de Dziga Vertov m'a toujours sensiblement paru plus saine que celle de Sergei Eisenstein, qui prétendait faire des films dramatiques, mais en gommant le concept de héros individuel. Vertov, lui fait de sa caméra un personnage, et même bien souvent le seul protagoniste, son style documentaire étant essentiellement basé sur le point de vue obtenu par l'objectif. Et une fois de plus, son film est un chant enthousiaste sur la révolution...

...Une fois de plus, certes, et une fois encore, on gomme les aspérités, on oublie les mécontents, envolées les purges de Staline, oubliée la confiscation d'une révolution pacifique et d'un authentique mécontentement par des bureaucrates avides d'installer une nouvelle dictature: non, car en U.R.S.S., durant les dix années prises par Vertov pour accumuler de quoi enrichir son hommage à Lénine (commencé donc, car je suis apte à faire moi aussi le calcul, en 1924, soit l'année de la mort du dirigeant), on est à en croire ce film parfaitement heureux.

Vertov a divisé son film en "trois chants", inspirés par des chansons populaires glanées ça et là et qui sont autant d'odes à Lénine. Il examine les apports (tous géniaux, bien sûr) du "petit père"... Le premier chant s'intéresse à la façon dont le socialisme a fédéré, dans un immense pays qui dépasse (en les gommant) bien des frontières, énormément de gens tous différents, de religions et origines différentes; ensuite, le deuxième chant montre l'influence de Lénine, tribun, puis dirigeant, galvaniseur de foules, et rassembleur au-delà de sa propre mort; enfin le troisième chant nous montre les apports du socialisme: des aciéries, des chantiers, une armée, une jeunesse heureuse, et des tracteurs plein les champs...

Cette fois, Vertov, qui a réussi brillamment son pari en 1929 de montrer le périple d'une caméra à travers le monde (selon son concept de "Ciné-Oeil"), dans L'homme à la caméra, de loin son meilleur film, n'a plus de défi à relever: il est passé on s'en souvient au sonore avec Enthousiasme, en 1931, un film que je qualifierai volontiers de quelconque. Ce nouveau film lénifiant, voire léninifiant, est d'un total manque d'intérêt, à moins d'avoir une fois de plus un goût prononcé pour la machinerie agricole. Notons pour finir que ce film qui a été montré en 1934, a bénéficié des apports de la censure de l'époque, qui a caviardé toutes les images des premiers purgés de l'ère Stalinienne, et a fait l'objet d'un remontage dans les années Brejnev, afin de minimiser l'importance dans le film tel qu'on le voyait alors, de l'autre, là, celui avec une grosse moustache. Du coup, ce film de Dziga Vertov pourrait bien s'appeler Trois chants sur Lénine sans Staline.

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Published by François Massarelli - dans Tractoristes de tous les pays