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24 octobre 2018 3 24 /10 /octobre /2018 16:31

Les premiers dont on pense qu'ils seront les héros du film, ce sont deux masseurs qui occupent toute la première séquence: ils marchent sur une route, devisant gaiement. Selon la tradition, ils sont tous deux aveugles, et font de leur handicap un atout en permanence, se lançant des défis: "combien d'enfants allons-nous croiser", ou une tentative de dépasser en vitesse un groupe d'étudiants, dotés eux de tous leurs sens. Toku (Shin Tokudaiji) et Fuku (Schinichi Himori), qui travaillent dans des hôtels d'une petite station balnéaire, ne sont pourtant pas vraiment les personnages centraux, ils sont juste non seulement masseurs, mais aussi passeurs, si on me pardonne ce jeu de mot hâtif: c'est par leur biais qu'on fera connaissance des autres locataires, de leurs clients, et qu'on aura vent des intrigues. 

Car il se passe des choses: des étudiants venus pour passer du bon temps, mais qui se font vieux: incapables de suivre des filles en montagne, et en prime ils se font rosser par un masseur aveugle! un homme de la ville avec son neveu, une vraie petite peste, celui-ci, il ne se passe pas une minute sans qu'il ne tente de faire une bêtise... Et puis il y a une belle femme de Tokyo (Mieko Takamine) elle aussi, dont le parfum hante Toku. Mais elle montre trop d'intérêt à son goût pour le monsieur de la ville... 

Et surtout il y a un vol, de l'argent est pris dans la chambre des étudiants quand ils sont au bain. Toku, qui sent les choses plus qu'il ne les voit, a bien compris que la belle jeune femme dont il est plus ou moins amoureux a quelque chose à se reprocher, et fait face à un conflit: la protéger, ou la démasquer?

On ne voyage pas, ici, de la même manière que dans Monsieur Merci, le road-movie de Shimizu tourné en 1936. Une fois arrivés dans la petite localité, les personnages n'en bougent plus. Pourtant tous ou presque font l'objet d'une errance. Les masseurs "viennent dans le nord en été et repartiront vers le sud en hiver", la jeune femme mystérieuse fuit quelque chose, mais quoi? Et les étudiants sont en transit, entre deux séries d'examens, sans doute. Les rapports entre tous ces gens, notamment vis-à-vis des masseurs qui ont un service à rendre, sont civils, mais de façade. Et si les deux hommes savent se défendre, ils ont beaucoup à conquérir dans ce film qui les considère avec tendresse.

Je m'empresse d'ajouter qu'on n'aura pas la clé de tous les mystères à la fin du film, dont la structure épisodique et hachée ressemble finalement à la vie elle-même. Et je pense que Shimizu avait à coeur de confier à Mieko Takamine un rôle très proche de celui interprété par Michiko Kuwane dans Monsieur Merci, celui d'une belle jeune femme évidemment moderne, mais à la profonde sensibilité, et qui transporte en elle la frustration d'un secret inavouable...

 

 

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Published by François Massarelli - dans Hiroshi Shimizu Comédie Criterion