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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 09:39

Norman Kerry, au fond, c'est un type formidable; c'est aussi un acteur, au mieux, compétent, au pire, fade. pas de quoi fouetter un chat, quoi, surtout quand il se retrouve à jouer face à Lillian Gish, ou Lon Chaney, ou Mary Pickford. S'il a été à un moment condamné à jouer les utilités, en smoking (The Phantom of the Opera), en forain (The Unknown) ou en chevalier avec perruque (The Hunchback of Notre-Dame), il fut un temps où le jeune homme pouvait prétendre à une carrière de premier plan: c'est ce qu'on va voir en parlant de ce petit film oublié, mais dont les qualités sont évidentes.

Hamilton Jones (Kerry) est un cambrioleur, le genre à s'afficher auprès de la bonne société le jour, et à fracturer des coffres la nuit, sans jamais quitter ses guêtres, ni se départir d'un sourire franc et massif de type bien. J'allais écrire "d'honnête homme", mais vu les circonstances... Un jour, il entend une voix, en passant devant une mission où m'on chante des hymnes, et entre: il tombe sous le charme. De la mission, celle du réformateur Eli Barker (Harry Holden), un peu; mais surtout le charme de Dawn Emerson (Wanda Hawley), femme perdue qui s'est retrouvée en travaillant aux côtés de Barker; pour elle, Hamilton va changer, et mettre son argent bien mal acquis au service de ceux qui en ont besoin. Ce qui ne plaira pas à tout le monde, du reste: un des paroissiens de la mission, qui a des vues sur la belle Dawn, va en effet lui amener de sérieux ennuis, en rappelant son principal hobby à la police...

Le reste du film est pris par un procès, dans lequel les gens de la mission, quel que soit leur niveau de responsabilité, vont s'impliquer pour sortir des ennuis le brave Hamilton. C'est donc à un scénario à la Capra, quinze ou vingt ans avant, que nous sommes confrontés... mais Emmett Flynn, s'il n'est pas Capra, n'est pas non plus n'importe qui: il a mis en scène son film avec un flair certain pour les détails "couleur locale", des décors (le plus souvent de studio, mais c'est assez convaincant), au comportement des gens de la mission, captés avec tendresse dans leurs gestes du quotidien; il a d'ailleurs confié le rôle de ces personnages très secondaires, à des acteurs, et ne leur demande jamais de faire tapisserie. Il a tourné une formidable scène de poursuite sur les toits, dans laquelle il varie avec beaucoup de bonheur les angles de prise de vue. Et il tourne des séquences nocturnes de toute beauté...

Et Norman Kerry, dans tout ça, est pour une fois totalement approprié: un rôle comme celui-ci requiert une grande dose de sympathie naturelle, de légèreté émotionnelle, et le gaillard était taillé pour son gentleman cambrioleur. En jouant un type aisé, le coeur sur la main, sans grande ambiguïté psychologique, Kerry n'avait finalement pas à forcer. Car, je le redis ici, c'est vraiment un type bien, et c'est d'ailleurs à ça qu'on doit la survie de ce film, et sa publication aujourd'hui en blu-ray. Car le brave type prêt à aider son meilleur copain en cas de coup dur, l'a fait, en demandant à Flynn d'engager un acteur de ses amis et de gonfler son rôle de figuration pour lui donner de quoi payer son loyer; on le voit peu, mais on le reconnait aisément: il s'appelait Rudolph Valentino.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1919 **